Depuis des semaines, le personnel soignant alerte sur la pénurie de masques pour faire face à la pandémie de COVID-19. La Fédération hospitalière de France (FHF) a interpelé le ministre des solidarités et de la santé : Frédéric Valletoux, son président, s’inquiète d’une « insuffisante disponibilité des masques et sur le niveau inquiétant des stocks disponibles, alors même que la doctrine actuelle d’utilisation est déjà très restrictive.* »
Risque de multiplication des droits de retrait
Les masques sont pourtant réservés en priorité au personnel soignant. La raison est double. Sans masque, les soignants risquent bien entendu d’être infectés par les patients avec qui ils sont quotidiennement en contact et de ne plus être en mesure d’exercer leur métier. Mais surtout, ils prennent le risque de mettre en danger leurs patients affaiblis par la maladie, notamment les personnes atteintes de cancer. Chose inacceptable pour un soignant.
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« Il y a un véritable risque de multiplication d’exercice du droit de retrait et d’augmentation de l’absentéisme », a alerté Frédéric Valletoux*. En d’autres termes, la pénurie de masques risque bien de provoquer une pénurie de soignants.
30 millions de masques bientôt livrés
Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, a répondu à ces inquiétudes en annonçant jeudi dernier l’envoi de 30 millions de masques chirurgicaux et FFP2 à destination des hôpitaux, Ehpad et pharmacies. Les stocks des 4 producteurs français ont également été réquisitionnés « de façon que les médecins libéraux, les infirmières, l’ensemble de ceux qui ont vocation à disposer de ces masques, puissent y avoir accès » a déclaré le ministre devant l’Assemblée nationale.
Petit Bateau, usines de jean… les industriels se mobilisent.
Il existe encore en France de nombreux ateliers textiles. Ils sont de plus en plus nombreux à bouleverser leur plan de production et à ré-orienter leurs chaines vers la fabrication de masque. C’est le cas d’une entreprise de fabrications de jeans et de baskets made « 1083 », basée à Romans, qui a décidé de se reconvertir provisoirement et de fabriquer des masques de protection. C’est le cas aussi de la marque Petit Bateau.
Appel à la solidarité
En attendant ces livraisons, certains établissements n’ont pas hésité à faire appel à la solidarité nationale. C’est le cas par exemple de l’Institut du Cancer de Montpellier (ICM) qui a tweeté : « Nous avons besoin de vous. À toutes les personnes qui savent coudre, nous sollicitons votre aide pour confectionner des masques en tissus... »
Patron et tuto a l’appui, l’ICM explique comment réaliser un masque à partir simplement de tissu en coton, d’une couche de molleton ou polaire et d’un élastique.
Une protection polémique
Ces masques à 3 épaisseurs – 2 morceaux de tissu de part et d’autre d’une couche de molleton destinée à absorber les micro-gouttelettes qui véhiculent le virus – ne font toutefois pas l’unanimité. La Société française d’hygiène hospitalière estime qu’il vaut mieux éviter de les utiliser “du fait de données scientifiques concernant leur étanchéité très rares”. Contrairement aux masques chirurgicaux et FFP2, les masques « faits maison » ne respectent en effet aucune norme. “Ils seront utilisés uniquement par le personnel non soignant (services administratif, technique et logistique) en cas de pénurie”, nous a précisé l’ICM.
Une polémique qui exaspère le Dr Dominique Dupagne qui y a répondu par un Tweet cinglant : « C’est du même niveau que les conseils diététiques dans un camp de réfugiés affamés. Quand il est nécessaire, mieux vaut un masque maison que pas de masque du tout« .