Votre établissement se prépare-t-il au « plan blanc »*?
Activement, oui. L’Agence Régionale de Santé (ARS) de Nouvelle Aquitaine nous a demandé d’augmenter notre capacité d’accueil de 10%, au cas où nous devrions recevoir les patients qui sont aujourd’hui hospitalisés en cancérologie dans des établissements pluridisciplinaires. A l’Institut Bergonié, nous sommes un centre Unicancer, ce qui signifie que nous recevons uniquement des malades de cancer. Les Centres Hospitaliers qui soignent toutes les pathologies seront en première ligne pour accueillir et hospitaliser les personnes infectées par le coronavirus. Il est donc cohérent de réorienter les malades de cancer vers une structure spécialisée comme la nôtre. Cela permettra d’assurer le continuum des soins sans mettre des patients à l’immunité fragile en contact avec le virus. Nous nous préparons, en cas d’activation du « plan blanc », à ouvrir une dizaine de lits supplémentaires.
Quelle organisation aujourd’hui pour vous prémunir du Coronavirus?
D’ores et déjà, nous cherchons à préserver nos patients hospitalisés et ceux qui passent en consultation. Nous avons édicté un certain nombre de règles pour limiter la circulation dans l’hôpital. Les visites sont réduites à une personne par jour (et pas d’enfants). Les médecins ont annulé leurs participations aux congrès. Les personnels de recherche, les services administratifs, sont encouragés à télétravailler. Nous avons créé une cellule dédiée au COVId-19 et nous nous préparons en faisant des exercices pour activer le «plan blanc» dés que l’ARS nous le demandera.
Envisagez-vous de déprogrammer certains soins ?
Nous prenons en charge des personnes à l’état de santé très variable : certains patients ne sont pas plus immunodéprimés que la population générale. D’autres, comme ceux soignés en hématologie, ceux qui suivent une immunothérapie ou ceux qui peuvent être en neutropénie suite à une chimiothérapie restent plus fragiles. Nous demandons donc aux patients fiévreux ou qui auraient de la toux de ne pas venir en consultation – et d’appeler le numéro dédié.
Nous allons mettre en place rapidement des téléconsultations. Ainsi les patients éviteront de se déplacer jusqu’à l’Institut et bénéficieront de la consultation avec leur oncologue – lorsque le suivi médical de leur pathologie le permet.
Si nous devons, dans le cadre du « plan blanc », accueillir les patients du CHU, nous déprogrammerons des activités de soins de support et nous réfléchissons à l’éventualité de reporter les opérations chirurgicales non urgentes, comme les reconstructions mammaires. Aujourd’hui la région sud-ouest a été relativement épargnée par l’épidémie, les jours à venir seront déterminants…
LIRE AUSSI : Retrouvez tous nos articles sur la vaccination, l’impact de la pandémie sur les malades de cancer, les risques face au Covid-19, les pertes de chance… dans notre dossier complet Cancer et coronavirus.
Propos recueillis par Céline Lis-Raoux