Sur quel critère fixer le prix des médicaments?
Le prix est indexé sur la valeur thérapeutique du produit. On fait une phase d’évaluation, on voit si le produit est bon, et ensuite le prix va refléter cette valeur.
Qu’est ce qu’un « juste prix » ?
La loi générale, c’est la justification d’un prix par le service rendu. On ne connaît le prix de fabrication de rien de ce qu’on utilise. Ni celui d’un iPhone ni celui d’un véhicule, par exemple. On confronte le prix à l’usage, à l’utilité.
« Il n’y a pas d’autre prix que le prix qu’on accepte de payer »
C’est un dispositif sain. Quand des médecins dénoncent les prix «exorbitants» des médicaments, ils supposent que le prix est une qualité intrinsèque du bien, comme si le « juste prix » était inscrit dans l’ADN du produit. Or, le prix est le résultat d’une négociation, un processus concret, une construction sociale entre un acheteur et un vendeur qui se mettent d’accord sur les termes d’une transaction. Vouloir trouver ce « juste » prix, comme une vérité cachée dans l’objet, est profondément métaphysique. Et l’économie n’est pas métaphysique. Il n’y a pas d’autre prix que le prix qu’on accepte de payer. Chercher autre chose est absurde.
Des associations dénoncent les profits record de l’industrie pharmaceutique…
En France, le débat autour du médicament est idéologique. Imaginez que l’on décide que les industries du médicament doivent abandonner 10 % de leurs profits et baisser d’autant le prix de leurs médicaments. Un médicament à 100 000 euros passerait à 90 000. Les tenants de la morale trouveraient-ils ce nouveau prix moins «exorbitant» ? Sans doute pas. Prenez 90% ou même 80% d’un prix jugé «exorbitant», cela reste un prix exorbitant. La seule question est: cela vaut-il le coup de payer ?
L’idée même de «faire du profit» sur des médicaments semble amorale à certains. La réponse serait-elle de confier à l’État la recherche et la production?
L’État ne sait pas produire de médicaments. Avoir l’État comme producteur ne garantit ni la qualité ni la transparence – et d’ailleurs, quand l’État l’a fait, cela a été catastrophique. L’affaire des hormones de croissance ou du sang contaminé, tous deux produits par des organismes publics, montre bien que l’État s’affranchit aisément des contrôles qualité. Alors que les entreprises veulent gagner de l’argent, développer un produit, le vendre. Les motivations sont d’une clarté absolue. Elles sont plus faciles à contrôler que les organismes publics.
Le CEPS est accusé au mieux d’absence de transparence, au pire de laxisme…
Le CEPS a été créé en 1993 pour mettre fin aux relations incestueuses entre laboratoires et monde politique. Auparavant, c’était le ministère qui fixait le prix des médicaments… Tous les échanges de bons procédés étaient possibles, de l’installation d’une usine dans la circonscription du ministre au financement des partis. Le CEPS a dépolitisé le pouvoir de décision. Ce qui est paradoxal, c’est qu’aujourd’hui on demande que les politiques reprennent la main sur un organisme mis en place pour lutter contre les turpitudes de ces mêmes politiques!