Rien de tel que s’automasser pour se réconcilier avec son corps ! Et c’est très utile aussi pour atténuer les cicatrices apparues au fil de la bataille contre le cancer. Objectif de ce moment à soi ? Rendre ces stigmates fins et non douloureux. L’idéal est de commencer entre 2 et 3 semaines après la chirurgie, une fois que les points de suture ou les agrafes ont été retirés et que les croûtes sont tombées. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour commencer ! Même si vous vous y mettez 10, 20 ou 30 ans après l’intervention, le résultat sera au rendez-vous.
En « travaillant » la cicatrice, vous allez agir sur les différents tissus de votre corps, ce qui aura pour effet d’améliorer les échanges cellulaires, la vascularisation, le drainage lymphatique ainsi que la qualité des tissus autour de la cicatrice, comme le nouvel épithélium. Attention toutefois si vous êtes en radiothérapie : ne touchez pas aux cicatrices qui se situent dans une zone irradiée, vous risqueriez de déplacer les repères réalisés sur votre peau. Attendez la fin des séances. Que ce soit une empreinte de port à cath ou de reprise de greffe ; qu’elle se situe dans le cou, sur le visage, sur ou sous le sein, sous le bras , dans le pli de l’aine, sur le dos, le ventre, ou même dans les parties les plus intimes (anus, vulve), chaque cicatrice peut être traitée. On vous dit tout.
LA SOLUTION INTÉRIEURE
Une chirurgie gynécologique, une radiothérapie sur les parties intimes du corps peuvent léser les muqueuses, créer des brides ou encore provoquer un rétrécissement au niveau de l’entrée du vagin. Avant d’envisager un traitement chirurgical ou des séances de laser Monalisa, souvent coûteux, sachez que vous pouvez prendre la main chez vous, toute seule et à votre rythme. Pour apprendre à masser ces zones délicates, rendez-vous sur le compte Instagram @Physioseins des « kinettes ». Expertes du massage périnéal, Marion et Valérie y proposent en vidéos des tutos sans tabou.
1 – Massez et mobilisez
« L’un des secrets pour obtenir une cicatrice discrète sur le plan esthétique (invisible), mais également sur le plan sensitif (indolore) ou sur le plan fonctionnel (ne limitant pas les mouvements), c’est la mobilisation », explique Jocelyne Rolland dans son livre Que faire après un cancer du sein ?. « L’important n’est pas tant de masser que de mettre en tension, de mobiliser la cicatrice pour l’assouplir, qu’elle se décolle par rapport aux plans sous-jacents, de l’étirer pour qu’elle garde une longueur adéquate. »
Donc on masse en touchant une cicatrice et on mobilise en étirant les tissus autour. Au début, si vous appréhendez d’y toucher, posez doucement la main sur votre cicatrice (même à travers un tissu ou une gaze) et caressez celle-ci doucement dans un mouvement de va-et-vient. Ce simple geste permet de réactiver les petits nerfs cutanés et de retrouver plus rapidement des sensations. Rassurez-vous, votre cicatrice « ne craquera pas ». « Dès qu’une cicatrice est fermée, elle est solide », précise la kinésithérapeute.
2 – Affinez le geste
Il existe différents types de cicatrices. La vôtre est en relief, rouge et douloureuse : signes d’inflammation ? On dit qu’elle est hypertrophique. Pour améliorer l’efficacité du massage, placez vos doigts le long de la cicatrice et comprimez-la légèrement en l’étirant. La compression permet de désenflammer et d’aplanir la cicatrice. Répétez ce mouvement 8 fois pendant 20 secondes tous les jours. En complément, votre médecin pourra vous prescrire des pansements compressifs à base de silicone.
Pour une cicatrice dite fibrosée, il vaut mieux « pétrir » la peau, si possible à 2 mains, pour assouplir les tissus qui l’entourent. Pour bien identifier la nature de vos cicatrices, et être sûre d’adopter le petit geste qui va bien, n’hésitez pas à les montrer à votre kiné. Ou bien retrouvez les conseils des « kinettes », Marion et Valérie, sur la chaîne YouTube de RoseUp et sur Instagram @Physioseins.
3 – Ritualisez ce moment
Prenez quelques minutes 1 ou 2 fois par jour pour vous masser, après vous être soigneusement lavé les mains pour éviter d’apporter des germes indésirables. Et prenez le temps de res-pi-rer avant de démarrer ! Eh oui ! « le simple fait de respirer profondément permet de mobiliser les tissus et de créer un massage en interne », explique Marion Dubès, qui anime des ateliers à la Maison Rose de Bordeaux. Debout, bras le long du corps, enchaînez une série de 3 inspirations-expirations. Faites-le 4 fois de suite, tranquillement. Au fil des jours, augmentez progressivement le nombre de séries de respirations. Pas de limite, mais une dizaine de séries sera déjà très bien. Une routine agréable et bienfaisante, à répéter avant tout massage !
4 – Avec ou sans crème ?
Pour que vos doigts puissent bien saisir la peau, n’utilisez pas de corps gras lorsque vous étirez et mobilisez les tissus. Mais, après l’effort, le réconfort ! Terminez votre séance par un petit massage doux en appliquant une huile, un baume, une crème hydratante ou épidermisante, en fonction du besoin du moment. Là encore, votre kiné sera de bon conseil pour choisir le produit adéquat.
Si vous aimez les huiles végétales, privilégiez les huiles vierges pressées à froid (coco, amande douce…), ce procédé conserve leurs propriétés. Prudence si vous souhaitez les mélanger à des huiles essentielles : certaines peuvent être allergisantes, photosensibilisantes ; d’autres, comme celles de niaouli, de cyprès, de sauge sclarée et d’acore vrai (Acorus calamus), sont déconseillées si vous avez un cancer hormono-dépendant. Demandez toujours l’avis de votre oncologue.
5 – Soyez vigilante
Votre cicatrice ne doit jamais devenir rouge ni la peau s’échauffer. Ne jamais masser en écartant les berges, cela pourrait élargir la cicatrice et la rendre plus visible. Des petits points de sang apparaissant sur le trait de la cicatrice sont le signe d’un massage trop violent, ou trop prolongé. Vos cicatrices forment des bourrelets très rouges, en relief et douloureux, plus étendus que la cicatrice elle-même ? Ce sont probablement des chéloïdes. Ne les massez pas ! Et consultez votre médecin. Seuls un traitement à base de cortisone ou le recours à la chirurgie pourront améliorer le résultat.
Évitez de gratter vos cicatrices et de les nettoyer au savon de Marseille, d’Alep ou au savon noir. Choisissez des produits lavants doux, au pH neutre. Et, bien sûr, ne les exposez pas au soleil, durant un an, hiver compris. Pour être sûre de les préserver des UV, protégez-les avec un pansement occlusif ou en portant toujours un vêtement quand vous randonnez, nagez, naviguez… Votre peau vous en remerciera.
INFO +
- Pour trouver un kinésithérapeute formé à ces techniques près de chez vous : reseaudeskinesdusein.fr
- Pour consulter la fiche « Socio-esthétique en cancérologie » : afsos.org
- Pour d’autres conseils de kinésithérapie : sereconstruireendouceur.com
Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 22, p. 102)