Humaniste
Le Dr Alran n’est pas de ces techno-chirurgiens à l’humanité parfois défaillante. Ses deux hémisphères communiquent bien ! Sûre d’elle et efficace, elle est aussi très à l’écoute. De son équipe, bien sûr, sans laquelle, dit-elle, le chirurgien n’est rien. Et de ses patientes. Son credo : donner à toutes le maximum d’informations et offrir à chacune la meilleure prise en charge, non seulement dans les centres de lutte mais aussi à l’hôpital général. « La santé pour tous », telle est sa valeur cardinale. Elle la tient d’une solide éducation humaniste, qui la fonde et la guide. Séverine Alran participe régulièrement à des missions humanitaires.
Olympienne
Ses yeux ont décidé de sa vocation. Dans la nuit du 9 juillet 1981, la petite Séverine, 9 ans, assiste à la naissance de Claire, la dernière des 5 enfants de la famille, à la maternité de Mazamet (Tarn). Ses parents sont des soixante-huitards et sa mère, infirmière, tient à tout expliquer, tout montrer. Pendant que ses trois frères et sœurs tentent d’en voir le moins possible, Séverine, médusée, ne perd pas une miette de l’événement. Plus tard, elle sera gynécologue-obstétricienne… Finalement chirurgienne, spécialiste des cancers du sein – « Je suis quand même restée dans la santé des femmes ! » –, elle est, au bloc, celle qui continue de tout observer. « Si j’ai les yeux rivés sur ma patiente, je ne vois pas les appareils, la tension qui monte ou qui diminue. Tout le monde peut avoir des moments d’inattention, mais moi, je suis le chef d’orchestre. » Avec son équipe, justement, le Dr Alran parle beaucoup avec les yeux. Notamment quand un comportement lui déplaît. « La patiente doit rester dans un autre monde, sans subir ce qui se passe autour d’elle. Alors si quelqu’un est trop bruyant, c’est par le regard que je lui demande de se taire. »
Circonspecte
Le Dr Alran se souvient de son premier geste chirurgical : une césarienne, à 24 ans, quand elle était interne. Elle avait été surprise par la dureté de la peau… Depuis, elle s’est progressivement spécialisée dans l’épure ! Sa chirurgie se veut le moins invasive possible, le moins « délabrante », dit-elle. Et si une femme ne souhaite pas de reconstruction mammaire, ce n’est certainement pas elle qui insistera !
Miraculée
Séverine Alran a longtemps pratiqué le ski de randonnée. Adepte des milieux hostiles et des conditions extrêmes, elle a d’ailleurs été emportée par une avalanche, le 22 février 2005, dans les Lances de Malissard (massif de la Chartreuse). Totalement ensevelie, elle a été sauvée in extremis par son frère, heureusement parti avec elle en emportant une sonde télescopique… Après cette expérience, elle a encore fait quelques périlleuses glissades, en Iran par exemple, mais la naissance de ses garçons (8 et 10 ans aujourd’hui) a calmé ses ardeurs. C’est désormais sur les pédales de son vélo qu’elle entretient ses muscles. Le Dr Alran n’a pas de voiture. Elle fait tout en deux-roues. Notamment ses trajets domicile-hôpital. 40 min aller, 40 min retour. Tous les jours.
Alignée
Au bloc, le Dr Alran se tient droite, seule manière pour elle de prendre conscience de l’espace chirurgical. Une attitude d’autant plus importante qu’elle opère parfois sous hypnose et qu’elle doit aussi prendre en compte les réactions de la patiente et de l’anesthésiste, plus présents.
Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 14, p. 64)