C’est quoi ?
La chimiothérapie est un traitement médicamenteux du cancer dont l’objectif est de détruire les cellules cancéreuses. Elle fait partie des 3 traitements les plus utilisés pour combattre la maladie avec la radiothérapie et la chirurgie. Près de 340 000 personnes reçoivent une chimiothérapie chaque année en France.
Comment ça marche ?
La chimiothérapie empêche les cellules de se diviser, ce qui les conduit à s’auto-détruire. Les cellules cancéreuses y sont particulièrement sensibles, notamment car elles se multiplient rapidement. Mais ce traitement peut également impacter les cellules saines, notamment celles qui se renouvellent régulièrement, comme les cellules de la peau ou des cheveux, et provoquer ainsi certains effets indésirables.
À quel moment est-elle administrée dans le parcours de soins ?
La chimiothérapie peut être utilisée avant une chirurgie, pour diminuer la taille de la tumeur et faciliter l’opération. On parle alors de chimiothérapie néo-adjuvante. Mais elle peut également être adjuvante, c’est-à-dire administrée après la chirurgie, pour réduire les risques de récidives. Elle peut également être associée à d’autres traitements, comme la radiothérapie.
Le choix se fait selon votre cancer, son évolution mais aussi votre état de santé.
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Comment est-elle administrée ?
La chimiothérapie est généralement administrée en intraveineuse, par perfusion. Vous la recevez alors dans un centre spécialisé, le plus souvent en ambulatoire. Vous rentrez donc chez vous après votre séance. Certaines cures nécessitent toutefois une hospitalisation plus longue, qui peut aller de 24h à quelques jours.
Pour éviter que vos veines ne soient abîmées par les injections répétées, un porth-à-cath (PAC) est placé sous votre peau. C’est dans ce petit boitier que se feront les injections. Il est implanté sur la partie haute du thorax sous la clavicule. En général, cette procédure est réalisée sous anesthésie locale.
Mais la chimio est de plus en plus prescrite par voie orale, sous forme de comprimés. La prise se fait alors à votre domicile et les médicaments sont délivrés sous ordonnance par votre pharmacien de ville.
Des examens sont-ils nécessaires avant de démarrer la chimiothérapie ?
Une prise de sang sera effectuée pour vérifier votre taux de globules blancs et rouges, de vos plaquettes et le bon fonctionnement d’organes essentiels pour le métabolisme, comme le foie et les reins. Des examens complémentaires pourront vous être demandés, comme une échographie ou une radiographie des poumons et parfois une scintigraphie cardiaque.
Si votre chimiothérapie comprend des fluoropyrimidines – le 5-FU (qui entre dans la composition des protocoles Fec, Folfox ou Folfirinox) ou la capécitabine (Xeloda) – , vous serez amenée à passer un test de déficience en DPD. Cette enzyme est en effet cruciale pour l’élimination par l’organisme de ces chimiothérapies. Si ce test révèle que votre enzyme fonctionne mal ou pas du tout, votre protocole sera adapté pour exclure les fluoropyrimidines et éviter tout risque de toxicités sévères.
Comment se déroule une séance de chimiothérapie à l’hôpital ?
Le jour de la séance de chimiothérapie, une infirmière vous accueille et vous place dans un lit ou un fauteuil. Elle vérifie dans votre dossier médical la dose et le type de produit qui vous est attribué, pour éviter toute erreur.
Passé cette phase de vérification, l’infirmière connecte la poche de chimiothérapie à votre PAC en piquant dans sa chambre implantable à l’aide d’une aiguille coudée appelée aiguille de Huber. Pour éviter d’avoir à trop vous découvrir, il est conseillé de venir habillée d’une chemise ou d’un haut adapté (comme ceux proposés par la marque Rue du Colibri, munis de boutons pression).
Elle viendra vous voir régulièrement pour s’assurer que tout se passe bien pendant la séance. La perfusion peut durer de 30 minutes à 3 heures. Prévoyez donc une tenue confortable et un passe-temps (livres, tablette portable, tricot, carnet d’écriture,…). Vous pouvez être seule ou à plusieurs dans la même salle. Une fois la séance terminée, l’infirmière programme votre prochain rendez-vous.
EN IMAGE : Jetez un œil à notre infographie Chimiothérapie, d’où viens-tu ? pour comprendre comment les soignants s’assurent que la poche de chimiothérapie contient bien le médicament qui vous est destiné .
Est-ce que ça fait mal ?
La chimiothérapie provoque une impression de chaleur quand elle passe dans les veines. Si cette sensation est désagréable, elle ne doit pas alerter. En revanche, si vous avez du mal à respirer, un malaise, des démangeaisons ou des picotements dans les extrémités, signalez-le tout de suite à l’équipe soignante. Vous disposez d’une sonnette à cet effet. Votre traitement pourra être adapté pour vous éviter ces désagréments.
Quelle est la durée du traitement ?
Sa durée varie d’un patient à l’autre. Le nombre de cures, leur fréquence, le choix et la composition de la chimiothérapie sont décidés lors de la réunion de concertation pluridisciplinaire ou RCP, en fonction de votre type de cancer, son grade, son évolution, votre état de santé et votre situation personnelle.
Le traitement et sa durée peuvent être adaptés au fil du temps. Tout dépend de l’évolution de la maladie et de votre réponse aux traitements.
Quels sont les effets secondaires ?
Les principaux effets secondaires sont la fatigue, les troubles digestifs, des toxicités hématologiques (risque d’anémie, thrombopénie,..), l’alopécie (perte totale ou partielle des cheveux et des poils) et des inflammations des muqueuses (mucites). D’autres complications peuvent s’ajouter comme par exemple les troubles cognitifs, appelés chemofog.
Ces effets indésirables peuvent être temporaires ou persister. S’ils sont fréquents chez la plupart des patients, ils ne sont pas systématiques. Chaque personne réagit différemment aux traitements.
Peut-on éviter ou soulager les effets indésirables ?
Des solutions existent pour soulager et même prévenir les effets indésirables.
Pour prévenir les mucites, consultez un dentiste et demandez un bilan complet, avant même de commencer votre traitement. Ce dernier vérifiera l’état de votre dentition et de vos gencives et pourra vous prescrire des bains de bouche.
Pour limiter la chute des cheveux, qui n’est pas systématique rappelons-le, la casque réfrigérant est efficace à condition qu’il soit changé régulièrement (toutes les 20 minutes environ). Sachez qu’une alopécie totale ou partielle des cheveux, des cils, des sourcils et des poils peut intervenir une quinzaine de jours après le début des traitements.
Contre les nausées et les vomissements, l’équipe médicale peut vous prescrire des médicaments antiémétique à prendre avant la perfusion. L’angoisse pouvant aggraver les symptômes, des anxiolytiques mais aussi des approches non médicamenteuses de gestion du stress comme la sophrologie ou l’hypnose, peuvent également aider.
En cas d’anémie et de fatigue, votre médecin peut vous prescrire des facteurs de croissance qui stimulent la production de globules rouges.
Dans tous les cas, n’hésitez pas à solliciter les professionnels qui vous entourent et ce, dès l’apparition des premiers symptômes.
Faut-il que je prenne certaines précautions ?
Avant une séance, mangez un repas léger, froid ou tiède, pour limiter les odeurs qui pourraient exacerbées les nausées. Si vous avez un PAC, n’oubliez pas d’y aposer un patch anesthésiant pour ne pas ressentir de douleur au moment où l’infirmière piquera dedans. Ce patch doit être appliqué 1h avant la séance de chimiothérapie, sur la bosse que forme la chambre implantable (et non au niveau de la cicatrice). Votre séance a pris du retard ? Pas de panique, le patch reste actif jusqu’à 2 heures après son application.
Après la séance, évitez de conduire. En tant que patient en Affection Longue Durée (ALD), sachez que vous pouvez bénéficier d’un taxi conventionné pris en charge à 100%.
Les médicaments de chimiothérapie sont des produits chimiques qui se retrouvent dans les excrétas, il convient donc de respecter des règles d’hygiène évidente. Par exemple, il est important de nettoyer la cuvette des toilettes après votre passage car elle peut être « contaminée » par les résidus toxiques présents dans vos selles ou votre urine. Si vous bénéficiez d’une chimiothérapie orale, lavez-vous bien les mains après avoir pris votre comprimé. En revanche, contrairement aux idées reçues, vous ne pouvez pas contaminer votre conjoint ou conjointe simplement en dormant avec lui ou lors d’un rapport sexuel.
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