Montée en 2016 par Isabelle Fromantin, infirmière spécialisée dans les plaies et cicatrisation à l’Institut Curie et docteur es sciences, l’étude K-dog (dont on vous a déjà parlé dans Rose) visait à montrer que les chiens peuvent détecter, à un stade précoce, les tumeurs mammaires. Accueilli au départ avec scepticisme par certains spécialistes, le projet a prouvé sa justesse il y a 2 ans. Dans plus de 90% des cas, les 2 chiens spécialement dressés par les cynophiles de K–dog ont bien décelé les « composés volatiles odorants du cancer » sur des compresses mammaires avec lesquelles des femmes malades avaient passé la nuit. Le dépistage transcutané du cancer du sein par « odorologie canine » s’est d’ailleurs vu attribuer, en février 2019, le prestigieux titre de « programme hospitalier de recherche clinique en cancérologie » par l’Institut national du cancer (INCa). L’idée est maintenant de passer à l’étude clinique, en vie réelle.
450 patientes recrutées
Le recrutement des participantes commence cet automne via cinq hôpitaux (l’Institut Curie à Paris et le Centre René Hugenin à Saint-Cloud, l’hôpital Saint-Joseph à Paris, le CHU Valenciennes, l’ICO de Nantes) et deux cabinets de radiologie parisiens privés (le Centre imagerie 114 et le Centre d’imagerie Pierre Louÿs). En tout, 450 femmes se verront proposer le protocole K-dog, parmi lesquelles la moitié seront touchées par la maladie. Toutes devront dormir avec une compresse mammaire qui sera transmise à l’équipe de K-dog sans que les cynophiles sachent si les échantillons proviennent de patientes malades ou non. Puis, les femmes passeront une mammographie. Seul le statisticien saura si les résultats fournis par les cynophiles sont conformes à ceux de la mammographie. Si le chien ne s’est pas arrêté devant une compresse positive, on considèrera qu’il s’est trompé. S’il s’est arrêté devant une compresse négative, la patiente sera placée sous surveillance particulière pendant six mois, pour voir si le chien a la capacité de sentir le cancer à un stade plus précoce que la machine.
Des équipes de 13 pays réunies
Le projet de l’Institut Curie n’est pas unique. Dans le monde, des équipes de 13 pays (Mexique, Chili, Brésil, États-Unis, Nouvelle-Zélande, Hongrie…) travaillent aussi sur la capacité de l’odorat canin à reconnaître différents types de cancers (poumon, prostate, ovaires, col utérin…) à partir de différents échantillons (urines, selles, air expiré). L’équipe K-Dog vient d’organiser un congrès international, à Paris, pour initier une communauté internationale de chercheurs. A terme, peut-être les équipes parviendront-elles à identifier une odeur commune à tous les cancers, mais l’hypothèse relève pour l’instant de la science-fiction…
Un pré-test envisageable
Dans un premier temps, si l’étude clinique de K-dog est validée, Isabelle Fromantin et son équipe espèrent pouvoir proposer cette technique de dépistage du cancer du sein par l’odorat canin comme pré-test. L’idée n’est évidemment pas de remplacer la machine, mais d’avoir suffisamment confiance en l’odorat de l’animal pour n’orienter vers la mammographie que les femmes qu’il aura détectées. En France, environ 40% de femmes ciblées par le dépistage organisé (50-74 ans) ne s’y soumettent pas, soit par peur du résultat, soit parce qu’elles habitent trop loin d’un centre de radiologie… Proposer un pré-dépistage par l’odorat canin permettrait sans doute d’améliorer le suivi global. Une possibilité encore plus importante dans les pays en développement, qui manquent d’appareils et de médecins. Un centre d’entraînement de chiens Kdog vient d’ailleurs d’ouvrir à Petropolis, non loin de Rio de Janeiro, au Brésil.
En plus des 450 participantes à l’étude, K-dog a besoin de volontaires dont les échantillons (compresses mammaires) permettront d’entraîner les chiens. Si vous voulez participer, vous pouvez écrire à contact@kdog.fr