Il y a plus de 5000 ans, en Chine, l’empereur Shen Nung le recommandait : comme sédatif, contre le paludisme, les douleurs rhumatismales ou la constipation ! En Europe, il a fallu attendre le milieu du XIXe pour qu’il fasse une percée. On l’attribue à un jeune médecin de la faculté de médecine de Calcutta (alors empire britannique). Après l’avoir expérimenté sur des animaux puis sur l’homme, il approvisionne les pharmacies anglaises. Le médecin de la Couronne en aurait prescrit à la Reine Victoria, pour ses abominables douleurs menstruelles que rien ne soulageait. Prescrit comme analgésique, sédatif ou antispasmodique, il entre dans les pharmacies américaines en 1851, jusqu’en 1941. Privé de son usage médical, à mesure que l’aspirine et la morphine-dérivée de l’opium le supplantent au rayon antidouleur, il devient une drogue parmi d’autres, que l’occident s’attache à combattre à partir des années 1960-1970.
Le Professeur de chimie israélien Raphaël Mechoulam, toujours actif malgré ses 87 ans, lui rend ses galons médicinaux en révélant d’abord en 1963 et sans que cela fasse grand bruit la structure du cannabidiol (CBD). Ce composé de la plante n’a pas d’effet psychoactif. Des centaines de travaux étudient depuis son pouvoir anti-inflammatoire. Un an plus tard, le Pr il a isolé une poignée d’autres substances actives, dont le fameux THC. On peut alors le purifier, en produire des versions de synthèse et étudier par quels mystères il produit son effet « planant ». La réponse vient au début des années 1990 : l’organisme humain est équipé, partout, de récepteurs auxquels viennent se lier les substances du cannabis. Pourquoi ? Parce que le corps produit lui-même selon ses besoins, des molécules similaires, pour gérer la douleur, l’inflammation, l’appétit, réguler les émotions. C’est ce que l’on appelle le système « endocannabinoïde». L’idée que l’on puisse soutenir l’organisme en souffrance en lui donnant des cannabinoides issus de la plante a (re)pris son essor à partir de là.