En Savoie, la force du groupe
L’espace de trois jours et deux nuits, la toute jeune association Bivouac et moi invite celles et ceux touchés par un cancer à s’extraire de leur quotidien en se promenant dans les Alpes. « La montagne est un espace thérapeutique incroyable pour se ressourcer, se recentrer sur soi », commente Florence Van de Velde, médecin spécialiste dans le traitement de la douleur. L’aventure commence à Chambéry, autour d’un repas, où chaque participant est invité à s’ouvrir – un peu, beaucoup, selon son envie – sur son histoire, son parcours. Présentations faites, direction les sommets.
Le camp de base ? Un refuge, jamais le même, mais qui encourage toujours à la déconnexion : on y oublie Netflix, et souvent aussi son téléphone, tant les réseaux, en prenant de l’altitude, se font capricieux. On est vite happé par le spectacle de la nature : entre le blanc scintillant des hauts sommets, l’irruption de chamois et de bouquetins dans le paysage, les couleurs infinies du ciel au lever et au coucher du soleil, on en prend plein les yeux. Les pensées s’évadent, des images inoubliables se créent…
À l’arrivée, chacun prend possession d’une chambre, à partager entre quatre et six personnes. « La vie en refuge n’est pas anodine, surtout quand on traverse la maladie, constate le médecin. Chacun doit faire face à ses propres peurs et les accepter. Certains souffrent de troubles digestifs, ont des régimes alimentaires particuliers, d’autres portent une perruque. Pour beaucoup, c’est un sacré défi de devoir révéler tout cela, pourtant ils se dépassent. Il y a énormément de tolérance. »
Là-haut, tout semble aussi plus simple et plus léger. À l’instar des sacs à dos des participants. « C’est là que commence le lâcher-prise : quand on fait son sac. Car on porte tout sur son dos, donc on ne peut pas tout prendre, explique Florence Van de Velde. Il faut se concentrer sur l’essentiel. » Aux participants qui n’ont pas de matériel, l’association met à disposition des sacs et draps de couchage, ou encore des bâtons de marche. « Cela apporte un équilibre supplémentaire, soulagent les articulations et permettent de se reposer », précise Julie Vasseur, professeur d’EPS et accompagnatrice en montagne. Elle guide souvent les groupes de Bivouac et moi. « À chaque jour, un objectif : un col, un sommet ou un lac. Mais ce n’est pas une fin en soi, il n’y a aucune idée de performance. Nous nous adaptons en permanence au niveau du groupe. »
Porté par la beauté des paysages, le groupe avance, « en discutant au début, puis en se mettant dans sa bulle au fil des pas, chacun à son rythme, en lien avec la nature », sourit Rosy, une ancienne participante de 64 ans. Parfois, le groupe se trouve devant des névés (amas de neige durcie) à traverser ou des pentes un peu plus raides. « Nous sommes toujours impressionnés par la détermination du groupe face aux difficultés, confie Julie Vasseur. Jamais les participants ne râlent, ils nous font confiance. »
Les groupes sont mixtes, rassemblant des hommes et des femmes de tous âges, atteints par tous types de cancer, et qui sont soit en cours de traitement, soit en phase post-cancer. Les seuls prérequis pour s’inscrire : s’acquitter de l’adhésion à l’association (40 euros) et être capable de marcher une heure ou deux sans s’arrêter.
L’encadrement est professionnel. On y compte toujours l’accompagnatrice en montagne et au minimum un membre du corps médical : Florence le médecin, et/ou Lydie l’infirmière, ou encore l’un des psychologues et sophrologues de l’association. Lucile, originaire de la région parisienne, qui a fait partie du groupe du tout premier séjour, s’est laissé porter : « Je suis partie comme ça, dans l’inconnu. J’étais rassurée de savoir que nous étions accompagnés par des personnes qui connaissaient la maladie et la montagne. S’il se passait quelque chose, tu n’étais pas perdu, tout seul. » Chaque journée se prolonge par une soirée en chansons. « La musique et la marche sont complémentaires, elles font (re)sortir des sentiments enfouis, commente Florence Van de Velde. Il y en a toujours qui commencent par dire qu’ils ne vont ni chanter ni danser. Pourtant, à la fin, tout le monde est sur la piste improvisée dans le refuge ! » Intenses et courts – au dire des marcheurs eux- mêmes –, les séjours se terminent où ils ont débuté: à Chambéry.
A posteriori, Rosy commente : « Je serais bien restée un jour de plus ! Ça débloque quelque chose. En réussissant à monter jusque-là haut, je me suis dit que je pouvais tout faire, finalement ! » Chez Lucile, cette escapade « a ouvert la porte à une grosse introspection. On se sent différent »…
PRATIQUE
Pour quels types de cancer : tous types de cancer
Où : en Savoie, lieu surprise
Durée du séjour : 3 jours
Frais : 40 euros pour l’adhésion* à l’association Bivouac et moi
Contact : bivouacetmoi@gmail.com
+ d’infos sur : www.bivouacetmoi.fr
En Haute-Savoie, 6 jours au top !
Depuis 2011, l’association À chacun son Everest a accueilli près de 1900 femmes; son concept a inspiré au passage la création d’autres collectifs. Elle propose à des femmes de 25 à 55 ans, arrivées au terme de traitements lourds, de se recentrer avant de basculer dans l’après-cancer (une phase souvent déstabilisante). Avec ce séjour d’une semaine, alternant des activités physiques (randonnée, escalade, yoga), des soins de support et de bien-être (sophrologie, méditation, qi gong, sonothérapie, thermes), des moments d’échange entre elles ou avec des professionnels de santé, elles ont tout pour repartir du bon pied!
PRATIQUE
Pour quels types de cancer : tous types de cancer
Où : Chamonix
Durée du séjour : 6 jours
Contact : 04 50 55 86 97 ou chamonix@achacunsoneverest.com
+ d’infos sur : achacunsoneverest.com
En Isère, nature et sororité
La Cordée rose, association fondée par Nora Merabti en 2022, propose des escapades de 72 heures 100 % nature. S’adressant aux femmes de tous âges, touchées par tous types de cancer féminin, ce collectif les emmène à la découverte du somptueux massif de la Chartreuse. Hébergées dans des gîtes, différents à chaque séjour, les invitées explorent quotidiennement de nouveaux sentiers, à raison de deux à quatre heures de marche par jour. À ces balades s’ajoutent des séances bien-être (Pilates, yoga, sophrologie, bains sonores…) et des moments de partage et de douce sororité!
PRATIQUE
Pour quels types de cancer : tous types de cancer féminin
Où : massif de la Chartreuse
Durée du séjour : 3 jours
Contact : 06 65 37 97 90 ou lacordeerose38@gmail.com
+ d’infos sur : cordee-rose.fr
Partout en France, la vie de château
Se sentir princesse le temps d’une semaine ? C’est ce qu’offrent les Relais du bien-être ! Vous serez accueillies dans des bâtisses historiques dotées de grands parcs. « Ce sont pour la plupart des châteaux, relève Fabrice Provin, président de cette structure présente sur tout le territoire. Chaque hôte a sa chambre et sa salle de bains. » Au programme du séjour : promenades dans les parcs, accompagnement quotidien par un sophrologue, ateliers nutrition, activités physiques adaptées, initiation aux autosoins avec une socio-esthéticienne. Une parenthèse enchantée…
PRATIQUE
Pour quels types de cancer : tous types de cancer
Durée du séjour : 5 jours
Où : voir le site internet
Contact : 03 25 80 36 02 ou sejours@relaisdubienetre.com
+ d’infos sur : relaisdubienetre.com
Dans Hautes-Pyrénées, lâcher prise…
Voici un séjour pour les femmes en post-cancer qui porte un drôle de nom: Soum de Toy. Soum signifie « sommet arrondi », et toy désigne un « petit pays » en patois des Pyrénées. C’est donc au cœur d’une vallée sauvage de la Bigorre, entre lacs, rivières et montagnes, que se déroule une semaine forte en sensations. Pas de programme établi à l’avance. Chaque jour garantit une découverte, qu’elle soit sportive, humaine ou simplement… panoramique. « On offre avant tout du lâcher-prise et… des surprises », souligne la présidente de l’association, Francine Cazade-Salles.
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Pour quels types de cancer : tous types de cancer
Où : Luz-Saint-Sauveur
Durée du séjour : 6 jours
+ d’infos sur : soumdetoy.fr
Dans le Lot-et-Garonne, farniente absolu
Sous l’intitulé « Les invitées d’Odette », c’est une douce trêve qu’offre Jean-Pierre Zolotareff aux femmes traversant un cancer. Pendant trois ou quatre jours, dans la campagne de Marmande, il met ses gîtes à leur totale disposition. Sans conjoint ni enfant, ces femmes profitent d’un temps à elles. De la flânerie dans un parc de 5 ha, ou au bord de la rivière, aux baignades dans la piscine chauffée toute l’année et aux visites des environs, tout incite à se relaxer dès que l’on franchit les portes de ce havre de paix.
PRATIQUE
Pour quels types de cancer : tous types de cancer
Où : au Moulin-de-Tarres- de-Bas, près de Marmande
Durée du séjour : 3 à 4 jours
Contact : Jean-Pierre, 0608699320 ou lemoulin47430@gmail.com
+ d’infos sur : lemoulindetarresdebas.fr
* Prix constaté en 2023
Retrouvez cet article dans Rose magazine numéro 25.