Lorsque j’étais étudiante, à Aix en Provence, j’ai rencontré celles qui sont restées depuis mes trois meilleures amies. À l’époque, nous étions surnommées “le gang des charognes“ et donné des noms d’animaux : Julie le fennec, Céline la poupoule, Anne-Lise le chacal. Moi j’étais le coyote. Aujourd’hui, je vis en Ile-de-France, elles habitent à Marseille, Paris, ou près du lac du Bourget, en Savoie. En 2020, avec les différents confinements, nous ne nous sommes pas beaucoup vues. Mais heureusement, il y avait les apéros Zoom ! C’est à l’issue de l’un d’eux, que j’avais convoqué, que je leur ai annoncé mon cancer du sein. Elles se sont décomposées. Mais j’ai pu les rassurer en leur disant que j’étais confiante : ma biopsie avait révélé une tumeur localisée et sensible à beaucoup de traitements. J’ai démarré ma première cure de chimio le 11 septembre 2020… et le premier colis est arrivé.
Des clins d’œil et de l’amour !
J’ai compris que cela venait du gang des charognes quand j’ai découvert qu’il contenait un petit jouet en tissu pour chien ! Un coyote ! J’ai tellement ri devant ce doudou trop moche qui ne ressemblait à rien ! C’était signé Anne-Lise. Et ce n’était qu’un début. Elles avaient décidé, sans m’en parler, de m’envoyer un cadeau à tour de rôle. Donc pour ma deuxième cure, nouvelle surprise, de la part de Céline cette fois : une figurine de pirate avec une dédicace : « Courage, maman pirate ». Elle faisait référence au rituel que j’avais instauré avec mes filles (qui avaient alors 7 ans et 2 ans et demi) depuis le début de mon traitement. Toutes les veilles de chimio, je leur lisais un livre merveilleux pour rassurer les enfants sur le cancer : Ma Maman est une pirate de Karine Surugue1. On se faisait des décalcomanies de pirates sur les bras, symbole de notre combat contre la maladie.
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Puis ça a été au tour de Julie de m’envoyer un troisième colis. Il contenait un assortiment de thés et une tisane “Remède de grand-mère“, qu’on trouve à La cave à thés à Marseille, qui est supposée être le meilleur des anti-gueule de bois. Encore un clin d’œil ! Je disais souvent qu’entre la fatigue et les nausées, le traitement me laissait dans un état qui pouvait faire penser à une gueule de bois géante. La parfaite attention en fin de cure de chimio !
Mon coyote et ma petite pirate sont restés sur un meuble dans ma chambre, à côté d’un tableau peint par ma sœur pour ma première chimio. Ces objets sont chargés d’amour. Je sais que quoiqu’il arrive, mes trois amies comme mes proches seront là. Ça me porte !
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1. Ma maman est une pirate, Karine Surugue et Rémi Saillard, Editions Gautier-Languereau, 12,99 euros