En novembre 2020, j’ai débuté mon traitement pour un cancer du sein triple négatif. Après une mastectomie et une chimio particulièrement intense, je me sentais déjà l’ombre de moi-même quand, début septembre 2021, une 3ème immunothérapie (sur un cycle de 8) m’a envoyée aux urgences. Diagnostic : myocardite aigüe. J’ai dû stopper net mon protocole, car il fallait sauver mon cœur avant tout. Après 10 jours de soins intensifs, mes parents m’ont accueillie chez eux, à Agnin en Isère, le temps de me remettre sur pied. Un soir, on sonne au portail et j’ouvre. Un homme s’avance dans l’allée. Je ne l’ai pas vu depuis dix ans, mais je le reconnais tout de suite. C’est Jo, mon premier amour ! J’éclate de rire et je lui lance : « Qu’est-ce que tu fais là ?! ». Lui me rétorque : « Mais qu’est-ce que tu nous as fait, Emma ? ».
Lui et moi c’est une longue histoire
Il avait appris la nouvelle de mon cancer un mois plus tôt, par son cousin, qui me suit sur Instagram. En déplacement professionnel dans la région, il a tenu à me rendre cette visite surprise. Forcément, le revoir là, à ce moment précis de ma vie, me bouleverse. Lui et moi, c’est une longue histoire. On se connait depuis l’âge de 4 ans ! Nous nous sommes rencontrés au Portugal, dans le village où nous passions tous nos étés en famille. Il a été mon premier flirt, mon premier amour, mon premier amant. À vingt ans, on a tenté de vivre ensemble. Distance (lui vivait à Paris et moi dans la région de Lyon), immaturité, mauvais timing, notre couple n’a pas fonctionné… Après, chacun a fait sa vie.
L’alchimie est toujours là
Ce soir de septembre 2021, nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre, en pleurs. Son invitation à dîner a été la première que j’acceptais depuis que mon compagnon m’avait quittée la veille de ma mastectomie. Encore une première fois ! Au restaurant, entre nous, l’alchimie était toujours là. Un petit jeu de séduction aussi, même s’il était jeune papa et qu’il était donc hors de question que les choses aillent plus loin entre nous. Ces quelques heures passées avec lui m’ont rassurée sur ma féminité, mise à mal par la mastectomie et la maladie. Par sa présence, son regard, il m’a redonné confiance dans les hommes et en l’amour. J’ai pensé que c’était un messager que l’univers m’envoyait ! Alors que je venais de frôler la mort, je suis ressortie de cette soirée reconnectée à l’insouciance de ma jeunesse, et décidée à faire fi de mes complexes. Aujourd’hui, à 36 ans, je suis en phase de reconstruction. Depuis ce fameux soir, je n’ai pas revu Jo. Mais je lui donne des nouvelles régulièrement. On n’oublie jamais son premier amour !
À LIRE : Retrouvez tous les épisodes de notre série « C’est quoi votre plus beau cadeau ? »