Florence est médecin hospitalier. Elle est aussi patiente. Diagnostiquée et soignée d’un cancer du sein en 2018, elle est porteuse d’une « variation génétique de signification indéterminée ». Une situation qui lui fait choisir une mastectomie préventive – en complément de celle réalisée il y a 2 ans.
Une seconde annulation de mastectomie
Prévue au printemps dernier et annulée à cause de la première vague de Covid-19, cette lourde chirurgie était reprogrammée début novembre. Hélas, quelques jours avant la date de l’opération, la jeune lyonnaise a appris sa déprogrammation. A nouveau. « J’ai reçu un appel qui m’apprenait, sans préciser aucune raison, l’annulation de l’opération. Comme s’il s’agissait d’une chirurgie de « confort ». Mais, sérieusement, qui croit que quelqu’un subisse une amputation des seins par « confort » ? ».
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Aucune explication quant aux raisons qui motivent cette annulation : manque de personnel dans les services, anesthésistes employés dans les services de réanimation, préservation des lits de soins intensifs chirurgicaux ? La situation paraît d’autant plus absurde que ces opérations vont s’ajouter, ensuite, à l’ensemble des opérations déjà déprogrammées qu’il faudra rattraper : « Je l’ai bien vu, dans mon propre service où tout a été à l’arrêt au printemps dernier : on s’est retrouvés, à la rentrée, submergé par l’afflux de patients à prendre en charge. Pour un certain nombre, l’absence de soin à été très préjudiciable et ne pourra pas être rattrapé. »
Mastectomie assimilée à un « soin de confort »
Mais le point qui interroge le plus Florence est l’incohérence du discours « éthique » : « On annule toutes les opérations « non vitales » pour ne pas avoir à « choisir » les patients qui auront accès aux soins. Mais de fait, l’accès aux soins n’est pas assuré pour tout le monde. On choisit déjà les patients qui seront soignés. C’est un peu la triple peine : l’épreuve du cancer à un âge précoce, le retentissement des traitements à court, moyen et long terme, et maintenant la reconstruction et la diminution du risque de récidive qu’on assimile à un soin de confort. »
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Céline Lis-Raoux
Notre association a envoyé à l’ARS Auvergne Rhône Alpes un courrier officiel les enjoignant de reprendre les opérations pour les femmes en attente de chirurgie prophylactique.