« Leçon 1: s’aimer ». C’était l’été dernier, jour de canicule sur Paris. Anaïs Quemener, championne de France de marathon en 2015, athlète complète (aujourd’hui, elle excelle dans l’épreuve du 100 kilomètres), quittait le maillot et se mettait à nu pour un autre marathon… photographique. La jeune francilienne offrait son dos, sa chute de reins et sa grâce à l’objectif du photographe François Rousseau pour notre shooting Égéries. Elle rejouait sous les sunlights la sublime sirène d’une marque de lingerie.
Pourquoi une championne de course devient-elle égérie RoseUp ? Parce qu’elle est optimiste, combative et à l’écoute. Résiliente. Et qu’elle aime passionnément la vie.
Une course d’obstacle médicale
Anaïs a été diagnostiquée d’un cancer du sein en 2015. Elle avait 24 ans. Elle raconte : « À 24 ans, j’ai appris que j’avais un cancer avec atteinte ganglionnaire. Tout ça malgré une vie saine et 10 km de course à pied quotidiens. D’ailleurs, je n’avais qu’une chose en tête à ce moment-là : “ Comment vais-je faire avec le championnat de France de marathon qui arrive en octobre ? ”. Mon oncologue a accepté que je continue à m’entrainer durant ma chimio. Quand j’allais courir, mon père pédalait derrière moi… En février 2016, j’ai arrêté les traitements. En septembre, j’ai remporté le championnat de France de marathon en 2 h 55. Comme avant ! »
L’annonce de la mutation BRCA
Une vie à cent à l’heure à nouveau ralentie par une mauvaise nouvelle : Anaïs est porteuse d’une mutation BRCA –on lui ôte le second sein. « J’ai fait la reconstruction des deux seins en même temps, par lambeau dorsal, et je me suis retrouvée limitée dans mes mouvements de bras. Comme j’avais besoin d’un objectif et que je ne pouvais plus faire de vitesse, mon père a eu l’idée de me proposer de l’endurance. Donc des courses de 100 km. J’ai adoré ! J’ai commencé mes footings bras au corps. Puis c’est allé de mieux en mieux. En avril 2017, j’ai fait mon premier championnat ».
Désirs d’amazone
Si la compétition va bien, en revanche, les opérations moins… les prothèses de la jeune femme se fissurent et elle doit subir une nouvelle opération chirurgicale pour les ôter. Entrée à l’hôpital avec l’intention de rester amazone, elle se réveille avec « quelque chose » sous le bandage. Elle interroge son chirurgien. Qui lui répond qu’il « lui a fait un lipofilling », parce qu’à son âge il n’allait « pas la laisser sortir comme ça ! ». Sans son avis.
Anaïs se présente à nous, nue comme la vérité. Son dos marqué et ses seins de guingois. Très à l’aise avec son image, jouant avec son corps, cambrée, port de tête de reine, peau satinée, tatouages jouant avec la lumière… Séduisante. Tout simplement belle. Lorsqu’on demande à la jeune femme quelle est son mantra ? « S’accepter pour se sentir belle ». Mission réussie. Une vraie leçon.
Céline Lis-Raoux