Avec 9 mois de recul sur la pandémie de SARS-Cov2, les médecins ont à présent une idée plus claire sur les facteurs de risque pouvant conduire à des formes graves de Covid-19. Le Pr Saghatchian fait le point pour nous.
« On sait que les facteurs de risque principaux sont l’âge, le fait d’être un homme, le surpoids, le diabète, les problèmes cardiovasculaires et, bien entendu, les maladies pulmonaires (asthme, …).
Concernant le cancer, les malades les plus vulnérables sont ceux atteints par un cancer métastatique. En particulièrement, les personnes qui ont les poumons envahis de métastases. Mais également, les malades qui ont une altération de l’état général : fatigue, perte de poids… Leurs défenses immunitaires sont en effet diminuées et cela les rend plus sensibles aux infections.
Les malades avec des cancers hématologiques – lymphomes , leucémies, myélomes – sont également plus fragiles. Chez ces personnes, le cancer touche en effet les cellules de la moelle osseuse et des ganglions qui sont le cœur de nos défenses immunitaires. Par ailleurs, leur traitement consiste en une greffe qui nécessite de détruire au préalable leur système immunitaire. Sinon leurs défenses immunitaires risqueraient de rejeter cette greffe car elles la considèreraient comme un corps étranger. Pendant ce traitement, les malades sont donc en immunodépression sévère. On les garde à l’hôpital, isolés en chambre stérile… Quand ces malades sortent de l’hôpital, ils restent encore fragiles sur le plan de leurs défenses immunitaires, c’est pourquoi ils sont davantage susceptibles d’être infectés par le coronavirus.
Concernant les autres malades, on peut se montrer rassurant : peu de traitements en oncologie entrainent une baisse de l’immunité anti-virale. Il faut savoir que même la chimiothérapie, réputée pour faire baisser les défenses immunitaires n’est pas problématique dans le contexte du Covid car elle impacte les cellules immunitaires impliquées dans la défense contre les bactéries mais celles en charge de la défense contre les virus. Quand on est sous chimiothérapie, on est donc plus vulnérable aux infections bactériennes mais pas aux infections virales.
Enfin, s’agissant de l’hormonothérapie, là encore, pas de risque supplémentaire. Il est vrai que ce traitement provoque souvent des effets secondaires, notamment la fatigue. Mais cette fatigue est liée à une baisse du système hormonal et non du système immunitaire. L’hormonothérapie n’augmente donc pas les risques d’infections virales ou bactériennes. Même lorsqu’elle est combinée avec des inhibiteurs de kinases (CDK). »
EN VIDÉO
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Propos recueillis par Emilie Groyer