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Votre dernière cure remonte à une vingtaine de jours… Pile le timing pour une nouvelle séance. Sauf que, là, votre agenda est formel : la chimio est bel et bien terminée ! Ce matin, c’est donc en vous souriant dans la glace que vous vous lavez les dents. Jusqu’au moment où votre regard s’attarde sur votre crâne nu. Et si vous deviez rester comme ça ? Pour toujours ?
Pas de panique ! Les cas d’alopécie* définitive sont rares. Sachez que le processus de repousse redémarre entre le premier et le troisième mois suivant la fin de la chimiothérapie. Cela varie d’un individu à l’autre, mais aussi en fonction des produits administrés. Certaines molécules peuvent avoir endommagé les follicules pileux. D’autres s’évacuent lentement. Autant de raisons qui peuvent retarder la réapparition des cheveux.
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Ouf, ça repousse ! Les cheveux croissant en moyenne d’un à deux centimètres par mois, vous voilà donc avec un petit capital capillaire d’environ 2 cm. Les premiers temps sont parfois désagréables : picotements, démangeaisons, mal de crâne. Vous avez tenté le massage crânien. Pourquoi pas ?
« Cela apaise et favorise une meilleure circulation sanguine », indique Maud Leclercq, socioesthéticienne du Réseau Yvelines Sud de cancérologie. Impatiente de retrouver votre tête d’avant, vous aimeriez bien que le processus s’accélère. Un médicament est fréquemment prescrit par les dermatologues pour favoriser la repousse et le renforcement du cheveu : le minoxidil®.
Une amie vous conseille d’essayer la mésothérapie (qui consiste à injecter dans le cuir chevelu des vitamines du groupe B) ? Si cette pratique n’induit pas d’effet indésirable, impossible de se prononcer en revanche sur son impact réel puisque aucune étude sérieuse n’a été menée à son sujet. Prendre des compléments alimentaires ? Là encore, pas de validation scientifique. Pour Bruno Matard, dermatologue à l’hôpital Cochin, ce qui compte surtout, c’est d’avoir une alimentation équilibrée !
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OK, on vous répète que cette petite coupe courte à la Jean Seberg vous va très bien. Mais vous avez un problème… Vous ne reconnaissez plus vos cheveux ! « Dans environ 65 % des cas, les produits de chimio altèrent leur texture : ils repoussent ondulés alors qu’ils ne l’étaient pas, ou vice versa. Ils sont dépigmentés ou, au contraire, hyperpigmentés », relève Bruno Matard. Relax, c’est temporaire ! Il faut attendre que l’organisme élimine les déchets des traitements.
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Vos cheveux restent encore fragiles. Ménagez-les : brossez-les régulièrement (avec une brosse douce ou un peigne fin), utilisez un shampooing doux et évitez le sèche-cheveux. Une coloration est à ce stade envisageable. Choisissez-en une sans ammoniaque, et si possible 100 % naturelle.
La gamme Martine Mahé, spécialiste de la beauté des cheveux par les plantes, a lancé une teinture (sans eau oxygénée, résorcine, ni ammoniaque) qui peut s’utiliser dès six semaines après le début de la repousse.
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En rouge dans votre agenda : « Soirée un an après ! » Avant de sabler le champagne, petit tour chez le coiffeur. Vous pouvez enfin recommencer à vous faire des mèches, c’est l’occasion ! Néanmoins, évitez, autant que possible et pour quelques mois encore, brushings, lissages, bigoudis chauffants, fers à friser ou à défriser. N’oubliez pas qu’il faut une bonne année, voire deux (cela dépend de chacun) pour que vos cheveux retrouvent leur nature d’avant
HALTE AUX IDÉES REÇUES
Une blonde peut devenir brune.
NON. Le cheveu peut changer de nature, être provisoirement dépigmenté, mais il ne repousse jamais d’une autre couleur !
Se laver souvent les cheveux les fait tomber.
AU CONTRAIRE. En massant le cuir chevelu, on stimule la circulation sanguine. Et ça, c’est bon pour le capital capillaire.
Il faut avoir au moins 5 cm de cheveux pour retourner chez le coiffeur.
PAS VRAI. « À partir de 1 ou 2 cm, il ne faut pas hésiter à se faire couper les cheveux. Les femmes pensent que ça ne sert à rien. Or, en structurant une coupe, on leur permet de renouer avec leur féminité », assure Muriel Paul, coiffeuse au salon Création Murielle Coiffure, à Plabennec (Finistère).
Audrey Lebel et Sandrine Mouchet
*Enquête Alopécie Rose Magazine-Any d’Avray 2013