Face aux cancers, osons la vie !


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À lire. Clémentine Célarié : « Je vis une renaissance »

{{ config.mag.article.published }} 1 août 2022

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Entre 2019 et 2020, en pleine pandémie de Covid-19, la comédienne a combattu un cancer du côlon. Une expérience qu’elle raconte dans Les Mots défendus. Entre témoignage et manifeste sans tabou, elle livre tout de son voyage secret à travers la maladie.

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Rendez-vous a été pris en février dernier avec Clémentine Célarié, au Café de l’Est, face à la gare de l’Est, à Paris. La comédienne, en tournée avec sa pièce à succès Une vie, est sans cesse entre deux trains. Elle arrive masquée, c’est encore l’usage alors, portant un sac rebondi à la main. Elle a fait du shopping : « Des trucs pour ma petite fille. » à 64 ans, elle est grand-mère depuis quelques mois, pour la première fois : « Un cadeau du destin ! »

Elle commande un thé noir au jasmin, retire son masque, remet rapidement un peu de rouge à lèvres, tout en évoquant son bonheur de jouer encore et encore Jeanne, la sublime et romanesque héroïne de Guy de Maupassant. « Une joie renouvelée tous les jours. C’est fou… » Mais c’est plutôt pour parler de son livre, Les Mots défendus∗, que nous sommes là. Elle y relate, en 11 chapitres, sa traversée du cancer, un cancer du côlon diagnostiqué en novembre 2019. Un texte qui tient de la lettre à un(e) ami(e) (vous, lecteur, lectrice) et du manifeste. Spontané et réfléchi, bouillonnant et précis, il est aussi sans fard, comme elle.

« Avec ce livre, j’ai eu envie de lancer de l’amour »

Rose Magazine : Vous avez hésité à sortir ce livre ?

Clémentine C. : Oui, beaucoup, j’avais peur en fait. De différentes choses. J’ai eu très peur, par exemple, que les gens se disent : « On s’en fout si elle a eu un cancer, pourquoi elle nous parle de ça ? C’est racoleur ! » Mais bon, c’est ma vie, c’est mon chemin, il fallait que j’en parle. Égoïstement, pour moi déjà, pour me guérir. Mais aussi pour tous ceux qui vivent ou qui ont vécu un cancer, plus grave ou moins grave que le mien, peu importe, et qui ont subi ou qui subissent la peur des autres et de leur maladresse.

Vous l’avez éprouvée vous-même, cette maladresse ?

Certaines personnes à qui je laissais entendre que j’avais un cancer du côlon me disaient : « Ah ! oui, mon père a eu ça et il est mort… » Super ! Il y a aussi ceux qui ne vous laissent pas le temps de parler et qui vous lâchent un : « Je sais, je sais… » Non, vous ne savez pas ! Et il y a tous ceux qui ont peur de vous parce qu’ils associent ce mot à la mort, ou bien qui ont peur d’avoir soudainement quelque chose. C’est terrible ! Je trouve qu’il y a un vrai manque d’éducation par rapport à cette maladie. Alors, de la même façon que j’avais embrassé un malade du sida à la télévision, il y a 30 ans, pour dire qu’on n’attrapait pas cette maladie comme ça, j’ai eu envie avec ce livre de lancer de l’amour.

Quand ce projet est-il né exactement ?

Pendant la chimio, après une ou deux séances. Je commençais à me sentir comme un cachalot amorphe, échoué sur le sable. Pourquoi un cachalot, d’ailleurs ! ? Comme une sirène ! (Rires.) Bref, j’étais dans mon lit, chez moi, j’avais tellement le temps de penser que je me suis dit que je ne pouvais pas rester comme ça. Il me fallait un projet, il fallait que je parle à quelqu’un, et j’ai décidé de m’adresser à mon public.

J’ai donc écrit un premier mémo, qui commençait par : « Il y en a qui appellent ça un cancer, moi j’appelle ça un pompon, et je ne comprends pas… » Par la suite, je me suis enregistrée. Je n’avais pas le courage physique, la force, de m’asseoir et de taper sur un clavier d’ordinateur. À l’issue des traitements, j’ai retravaillé le manuscrit durant plus d’un an. À plusieurs reprises, je me suis dit : « C’est nul, pourquoi parler de mon cancer alors qu’il y en a plein d’autres bien plus graves ? » Mais Jérôme, mon producteur et ange gardien, et mon éditrice m’ont poussée à continuer en me disant : « Il faut que tu le fasses, parce que tu ne parles pas seulement de ton cancer, tu parles de la vie. »

Les mots défendus… c’est vous qui avez choisi ce titre ?

Absolument. Lorsque j’ai appris que j’avais un cancer, j’ai su d’instinct qu’il ne fallait pas que je le dise. D’ailleurs, le petit nombre de personnes qui a été mis dans la confidence m’a dit aussi qu’il valait mieux le cacher.

Pourquoi ?

Si dans la vie, en général, les gens ont peur du mot cancer, dans mon métier c’est pareil, mais en pire. Dans leur esprit, vous êtes finie, enterrée avant l’heure ! (Rires.) Si je l’avais dit, les dates prévues de la tournée de ma pièce Une vie auraient été annulées. Le cancer et ce silence, ce mensonge, je les ai vécus comme une double peine.

Comment avez-vous réussi à mener vos traitements tout en continuant à jouer ?

J’ai continué quand cela a été possible ! Il y a quelques événements qui m’ont permis de passer entre les gouttes. Quand on m’a annoncé mon cancer, en novembre 2019, c’était encore au moment des « gilets jaunes », et pas mal de représentations ont dû être annulées. Cela m’a permis de me remettre de mon opération. La chimio adjuvante, pour éviter une récidive, a débuté un peu avant le premier confinement. Là, forcément, plus de théâtre, plus rien à part mes rendez-vous à l’hôpital américain. Après chaque cure de chimio, je marchais pour rentrer chez moi, ça me faisait du bien. Les rues étaient désertes, je ne croisais personne, c’était génial.

« Il faut apprendre à admettre que le bonheur peut vous arriver »

Vous en avez parlé à votre famille ?

Non. Ni à mes parents, ni à mes enfants. Je ne voulais pas mettre ce poids sur eux et qu’ils s’inquiètent. J’avais simplement dit à mes fils qu’on avait dû m’enlever un gros polype et que je devais suivre un traitement pour éviter qu’il ne revienne. Un mensonge improbable, qui a tenu jusqu’à ce que je me fasse griller bêtement ! Un jour, j’ai mis par mégarde un de mes fils en copie d’un mail adressé à mon ami Jérôme dans lequel j’exprimais mon ras-le-bol de la chimio. Magnifique acte manqué !

Ceux qui n’étaient pas dans le secret ne se sont aperçus de rien ?

J’étais blanche comme un navet et j’avais perdu du poids – d’ailleurs, c’était très chouette cette minceur ! –, mais ça passait. En revanche, les cheveux… J’en ai beaucoup perdu, mais pas au point d’être chauve. Ce n’est pas comme dans les films, ça ne tombe pas d’un coup d’un seul. C’est fourbe, c’est comme un serpent qui se faufile, c’est horrible ! Chez moi, ce n’était pas uniforme, je sentais mon crâne à certains endroits. C’était une sensation très bizarre, morbide. Du coup, j’ai acheté un postiche dans une boutique spécialisée, qui était la réplique exacte – un truc de dingue ! – de ma coiffure d’avant la chimio. J’ai fait une émission télé avec Laurent Delahousse ensuite, et personne n’a rien remarqué !

Vous donnez l’impression d’avoir plutôt bien vécu cette période…

Je savais que mon cancer était opérable, guérissable. Et je suis une optimiste. Je crois que je suis portée par ma foi. Je ne suis pas pratiquante, ni rien, mais j’ai grandi dans la religion catholique, et il m’en reste quelque chose. J’ai aussi en moi cette énergie vitale qui me vient de la terre africaine où je suis née. Et j’ai une forme d’insouciance. Je ne suis pas quelqu’un qui se nourrit du réel. J’ai un imaginaire très fort, très actif. Ça m’aide et ça me protège beaucoup.

Vous vous souvenez de ce que vous avez ressenti à l’annonce de votre cancer ?

J’ai immédiatement visualisé un cow-boy qui se dressait face à moi et qui me mettait au défi. Je lui ai dit : « Tu veux te battre ? OK cow-boy ! »

Même pas peur ?

Non, pas peur du tout. Vraiment. En revanche, je l’ai pris comme une punition. Un an plus tôt, on m’avait conseillé de passer une coloscopie, ce que je n’avais pas fait parce que je ne m’occupe pas de moi. J’ai déconné et, quand on déconne, on risque de le payer très cher. Ça, c’est un vrai message que je veux passer : il faut s’occuper de soi !

Vous n’hésitez pas à dire aujourd’hui que vous êtes guérie. Qui vous l’a dit ?

Mon médecin. Il ne m’a pas dit que j’étais en rémission, mot détestable qui a un petit côté « rémission des péchés », je trouve. Il m’a dit : « Clémentine, tu es GUÉRIE ! C’est fini ! » C’était en juin 2020. Et ça, c’est géant parce que c’est très important de l’entendre

Quel rapport entretenez-vous avec votre corps aujourd’hui ?

Je l’écoute. J’ai recommencé le sport… un peu. Je mange léger et sain. Je bois des coups quand même, un peu de vin blanc ou de champagne, mais je fais très attention. Lorsque j’ai commencé les traitements, j’ai senti que mon corps devenait un immense guerrier. Dans ma tête c’était X-Men, c’était Wolverine. Je me suis forgé une carapace et j’ai du mal à m’en extraire. C’est comme la mue du serpent, la peau descend peu à peu. Aujourd’hui, elle est à mi-corps et tombe un peu plus chaque fois que je joue sur scène, que je parle aux gens, que je leur raconte des bêtises après le spectacle.

La guérison est un chemin. Ce n’est pas parce que l’on vous dit : « vous êtes guérie » que vous l’êtes complètement. Il faut apprendre à admettre que tout va bien se passer après, que le bonheur peut vous arriver. Ce n’est pas facile, mais ça va venir…

Quelle femme êtes-vous aujourd’hui ?

À 64 ans, je vis une renaissance. Je me sens comme une jeune fille. Je ressors de tout ça avec encore plus d’énergie, d’espoir, d’envie aussi de partager avec les gens sur le cancer. Je mesure ma chance d’être là. Je me dis que la vie est incroyable. Depuis la sortie de mon livre, je ne recueille que sourires et affection. Mais ça, c’est une loi de la nature, ou de l’univers : si on envoie de l’amour, on en reçoit.

Propos recueillis par Sandrine Mouchet
Photos de Philippe Quaisse / Pasco

*Son livre Les Mots défendus est sorti le 04 novembre 2021 aux éditions Albin Michel

Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 22, p. 10)


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Sandrine Mouchet

Journaliste, rédactrice en chef de Rose magazine et directrice de Rose Magazine Éditions

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