Pour booster l’estime de soi, il n’y a pas mieux qu’Aretha Franklin ! Valérie, 49 ans
De manière générale, je suis accroc aux mélodies rythmées et à leurs ondes bienfaitrices. Think tient une place particulière dans ma vie. Il a tourné en boucle dans ma voiture sur le chemin de mes chimios. Dans le rétroviseur, je me voyais avec des cernes sous les yeux, sans cils, sans cheveux, mais je me trouvais belle en l’écoutant.
La voix d’Aretha, c’est la puissance, la démesure de la diva, l’ultraféminité. Elle est l’incarnation du changement de société des années 1960, et d’un modèle de femme qui ne se laisse pas faire, qui ose être elle-même. Pour rebooster l’estime de soi, je ne vois pas mieux qu’elle ! Une chanson de Bigflo et Oli m’a donné la rage de vaincre ! Élise, 26 ans
J’adore le rap, mais pas spécialement celui de Bigflo et Oli. Jusqu’à ce que je les entende chanter Autre part . J’ai
eu le sentiment que cette chanson avait été écrite pour moi, et que c’était mon chéri qui me parlait à travers elle. Elle commence par évoquer des choses très noires, mais à la fin elle dit : bats-toi, parce qu’il y a des combats que personne ne peut mener à ta place. Et c’est exactement ce que m’a dit un jour Max.
Du haut de ses 24 ans, il s’est montré plus « bonhomme », plus fort que mille autres réunis. Pendant la maladie, il m’a tenue à bout de bras sans jamais faillir, alors que moi j’ai souvent été au bord de lâcher. Et, à chaque fois, cette chanson m’a rattrapée par le bout du cœur. Avec elle je retrouvais l’impulsion pour lutter. J’entendais ce qu’elle me soufflait : fais-le ! Pour toi, pour ta famille, et surtout pour lui.
J’ai fêté la fin de ma chimio sur I’m still standing d’Elton John ! Laure-Emmanuelle, 48 ans
La musique a le pouvoir de modifier mon état mental et psychique. Pourtant, juste après le diagnostic, en septembre 2018, j’ai totalement cessé d’en écouter. Comme un symptôme. On venait de me détecter une tumeur au niveau du col de l’utérus.
J’étais tellement accablée que la frivolité de la musique me paraissait indécente. Le besoin de renouer avec elle est revenu avec le début des traitements. Les mélodies disco-pop d’Elton John ont d’emblée figuré en bonne place sur ma playlist « Against Cancer » que j’ai lancée sur Deezer.
J’aime son style de dandy fantasque. Tellement british ! Au printemps 2019, j’ai eu l’occasion d’aller à son concert à Bercy. Il a repris I’m still standing , une chanson écrite à la suite d’une période où personne ne donnait cher de sa peau. Il y a alors eu comme un transfert, et j’ai décidé de marquer le coup de ma dernière chimio, la vingt et unième, en organisant une soirée dont elle serait le thème. En novembre dernier, mes meilleures amies sont donc arrivées chez moi avec de quoi me déguiser en Elton John. Et, sur son tube poussé au max, on a dansé comme des folles.
Marilyn d’Indochine a été mon titre fétiche ! Virginie, 49 ans
Le 14 juin 2014, on m’a annoncé que j’avais un cancer du sein. Le 28 juin, j’étais au stade de France pour voir le concert d’Indochine avec ma fille Sophie, qui est une fan, comme moi. C’était sa récompense pour fêter son brevet des collèges. Pour ne pas gâcher ce moment, je lui ai caché la nouvelle de ma maladie. Pour moi, c’était le concert du cancer. Je n’avais alors aucune idée de son grade, ni des traitements qui m’attendaient…
Leur titre Marilyn m’a aidée et accompagnée durant tout mon parcours. Il reste et restera toujours chargé de l’intensité vécue ce soir-là. Aujourd’hui, tout va bien. Ma fille a 20 ans, je suis guérie et, le 5 juin 2019, nous sommes retournées voir Indochine pour leur dernière tournée. La boucle est bouclée.
Sauf que, maintenant, notre chanson préférée c’est La vie est belle …
Les Amants, des Rita Mitsouko, c’est l’histoire de mon couple ! Marjorie, 50 ans
La liberté très rock’n’roll et la force de vivre de Catherine Ringer me parlent depuis toujours. Il ne se passe pas une semaine sans que j’écoute au moins une de ses chansons. Dans Les Amants , elle parle de l’homme qu’elle aime, Fred Chichin. Il a entre-temps été emporté par un cancer, mais ce titre dit le lien, profond, confiant, qui les unissait. J’assimile ses mots à mon mari, qui a toujours été présent. Amoureux. Ce titre n’est ni dans la violence, ni dans l’accablement, au contraire. Il est positif, pacifique. Il correspond très bien à l’état d’esprit qui a été le mien face à ma maladie. Je n’ai pas voulu entrer en guerre contre la tumeur dans mon sein. Je l’ai acceptée et j’ai fait en sorte de la faire partir, gentiment.
Modern Love, de Bowie, me donne le sourire ! Mélanie, 39 ans
C’est une copine qui m’a fait redécouvrir Modern Love . Au moment de commencer mon deuxième cycle de chimio, j’avais demandé à des proches de me dire quelles chansons leur donnaient la pêche. J’ai eu droit à tout, de AC/DC à Annie Cordy ! J’ai reçu 70 suggestions de titres que j’ai intégrés à ma playlist « Fuck Cancer ». Celle-ci m’a permis de me sentir moins seule pendant mes cures de Taxol- Herceptin, à l’hôpital. Cette BO de mon parcours m’accompagne encore. Récemment, j’ai reçu une bonne nouvelle : j’échappe à la mastectomie. J’ai fêté ça en dansant dans mon salon… sur Modern Love évidemment !
Les mélodies pleines de peps sont un moteur. Avec ma fille, on écoute Forework de Katy Perry..à fond ! Peggy, 44 ans
Je suis plutôt heavy metal, mais, j’avoue, j’adore Firework ! Elle nous réunit, moi et ma fille. Elle nous est tombée dessus alors qu’on écoutait la FM en voiture. On s’est immédiatement mises à gigoter. Elle est tellement pleine d’énergie ! Et j’adore le clip, avec son feu d’artifice qui vous fait croire à l’impossible. On en a bien besoin quand on traverse la maladie. Firework était dans mes écouteurs quand j’étais amorphe sur mon canapé, ou à l’hôpital en pleine cure de chimio. Ce genre de morceau plein de peps est un moteur. Un moteur pour survivre. Ça évite aussi de cogiter. Il colle bien à ma nature. Je n’ai rien d’une fille zen. Le silence, la méditation, très peu pour moi. Je dis toujours que je me reposerai le jour où j’aurai les deux pieds devant.
Freedom de George Michael c’est mon hit pour 2020 ! Sandra, 45 ans
Le 31 décembre dernier, j’étais seule chez moi. Rien de triste, au contraire. Parce que, ce soir-là, j’ai décidé que l’année 2020 serait celle de la liberté. J’ai donc mis Freedom . Ce titre, je l’avais écouté le jour du diagnostic de mon cancer, il avait fait exploser tout ce qui montait alors en moi : la peur, la colère, le sentiment d’injustice. Ça m’avait soulagée.
Aujourd’hui, ses paroles résonnent différemment. Elles sont en phase avec ce que je veux pour moi maintenant : vivre intensément, ne plus m’embêter avec ce que je crois que les autres attendent de moi. George a fait tomber des barrières de son vivant. C’était un passionné, un avantgardiste, un audacieux qui, avec sa grâce et son talent, encourageait quiconque à être soi-même, et à s’aimer. Ça, je l’ai beaucoup revendiqué pour les autres, désormais je le revendique pour moi-même. Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir. Tout ce que je sais, c’est que je veux profiter de chaque instant, de chaque matin de ma nouvelle vie, simplement, pleinement. En toute liberté.
Photos : Yves Bottalico
Styliste : Marion Chambrette
Maquillage & coiffure : Amandine Fournier et Marianne Agbadouma
Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 18, p. 58)