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Cancer des plus de 75 ans : le vrai du faux

{{ config.mag.article.published }} 28 octobre 2016

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Illustration Matthieu Méron

« Un cancer, a son âge, c’est moins grave », « Inutile de lui dire, ça ne fera que l’inquiéter », « Quoi, tu vas te faire reconstruire ? À 70 ans ? ». Idées reçues, incompréhensions, voire injustices altèrent trop souvent la prise en charge des patientes âgées. Inventaire…

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Les cancers sont moins fréquents chez les personnes âgées.

FAUX.

On a tendance à croire que les femmes de plus de 75 ans ont moins de risques de souffrir d’un cancer. Davantage d’avoir une maladie cardio-vasculaire ou Alzheimer. Pourtant, le cancer est très fréquent au-delà de 65 ou 75 ans. Il est même la première cause de mortalité chez les 65-80 ans, devant les maladies cardio-vasculaires, précisément. « Quand on dit qu’une femme sur huit souffrira d’un cancer du sein, le grand public pense souvent à des femmes jeunes, des quadragénaires, remarque le Dr Étienne Brain, oncologue à l’Institut Curie. Or ce risque concerne surtout les femmes de 65 ans et plus. C’est même l’âge où le cancer du sein atteint son pic d’incidence. » Nous avons aussi plus de probabilités de souffrir d’un cancer colorectal ou de l’utérus après 75 ans qu’avant. Le cancer est bel et bien une maladie du vieillissement.

Ils sont moins graves, ils évoluent moins vite.

FAUX.

« Au moment de mon premier cancer du sein, à 66 ans, j’étais persuadée qu’à cet âge la maladie progressait moins vite que chez une personne plus jeune parce qu’elle se déclarait après la ménopause », raconte Martine, 73 ans. Cette idée reçue est largement partagée… Comme si, l’organisme tournant désormais au ralenti, les cellules cancéreuses allaient se multiplier moins vite. Dans le même ordre d’idées, on a aussi tendance à croire qu’une personne âgée atteinte d’un cancer mourra d’autre chose… « Il est erroné de considérer que les cancers, du sein ou colorectaux, par exemple, sont moins graves et évoluent moins vite à partir d’un certain âge, explique le Dr Étienne Brain. En revanche, si les risques de décès sont plus importants chez un sujet âgé que chez une personne jeune, c’est effectivement parce qu’ils ne sont pas seulement liés au cancer. Ils sont également dus à d’autres problèmes de santé. C’est ce que l’on appelle les comorbidités. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas traiter le cancer ! »

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Illustration Matthieu Méron

Les médecins préfèrent ne pas trop opérer.

VRAI.

L’idée selon laquelle « on n’embête pas » une personne âgée atteinte d’un cancer, surtout si elle est vulnérable, reste assez répandue, y compris chez les médecins. Normalement, la prise en charge des patients cancéreux de plus de 75 ans relève à la fois de l’oncologie et de la gériatrie. Avant de mettre en place une stratégie thérapeutique qui tienne à la fois compte des caractéristiques du cancer et de la vulnérabilité de la personne, l’oncologue est censé évaluer l’utilité d’une consultation gériatrique à partir d’un questionnaire-type, le G8, élaboré par des oncogériatres et promu par l’Institut national du cancer (Inca).

En fonction des réponses à ce test, le gériatre est (ou non) sollicité pour évaluer l’état général de la personne : pathologies associées, état nutritionnel, santé psychique, degré d’autonomie, etc. Et c’est en s’appuyant ensuite sur ces conclusions que l’oncologue est appelé à définir le traitement le mieux adapté. Mais, dans les faits, ce double regard est loin d’être généralisé. « Les registres montrent que le nombre de femmes non opérées augmente considérablement après 80 ans, même si elles ne souffrent d’aucun autre problème de santé, explique le Dr Étienne Brain. Cela signifie que l’on saute la chirurgie, et ce n’est pas normal. Bien sûr, certains antécédents justifient qu’on ne prévoie pas d’intervention, mais une personne en bon état général souffrant d’une tumeur doit être opérée. C’est toujours mieux. »

Dépistage : le malentendu…

Les cancers sont souvent diagnostiqués tard chez les personnes de plus de 75 ans. Certaines ne consultent pas car elles mettent l’apparition de nouvelles douleurs sur le compte du vieillissement. Et comme les campagnes nationales de dépistage s’arrêtent à 75 ans pour les seins et à 74 ans pour le côlon, beaucoup pensent que le risque de cancer est désormais faible. C’est faux. Mais un dépistage systématique – organisé et financé par les pouvoirs publics – n’a de sens que s’il améliore la survie globale de la population. Or, ce n’est plus le cas au-delà d’un certain âge. En revanche, le dépistage reste pertinent à un niveau individuel. Il faut donc continuer de consulter, même après 75 ans. Hélas, les médecins communiquent peu à ce sujet auprès de leurs patientes.

En cas d’intervention, on enlève plus facilement le sein.

VRAI.

Lorsque les médecins interviennent, ils ont tendance à recourir plus rapidement à une ablation complète qu’avec une femme plus jeune. « Les études de registres montrent que les médecins font moins de conservations mammaires, poursuit le Dr Brain. Or, pratiquer une mastectomie parce que c’est plus facile et plus rapide ne se justifie pas. C’est sans doute parce que les médecins ne discutent pas assez avec leurs patientes… » Faut-il penser que les femmes de plus de 75 ou de 80 ans ne sont plus tout à fait considérées comme des femmes, soucieuses de leur féminité ? C’est probablement vrai dans pas mal de services hospitaliers. « L’ablation d’un sein est quelque chose de très difficile à vivre, même à 85 ans, souligne pourtant Valérie Larcher, psychologue dans une unité d’oncogériatrie à l’hôpital René-Muret de Sevran. Ce sont les seuls cas de cancer où quelques minutes après que je sois entrée dans la chambre, la patiente soulève son tee-shirt pour me montrer la cicatrice. » Le traumatisme est encore plus profond quand la patiente n’a pas eu l’occasion d’en discuter avec le médecin ou la psychologue du service…

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Illustration Matthieu Méron

Côté traitement, soit on en fait trop, soit on n’en fait pas assez !

VRAI.

Selon le Dr Étienne Brain, « la prise en charge des cancers chez les sujets âgés oscille en permanence entre le sous-traitement et le surtraitement. Il n’est pas acceptable, sur le plan éthique, de ne pas traiter seulement parce que la personne est âgée. Il est tout aussi inacceptable d’engager les thérapies les plus pointues alors que les bénéfices seront minimes pour la patiente… ce qui est plus fréquent qu’on ne le croit ». La solution ? Améliorer la collaboration entre les oncologues et les gériatres. Confirmation du Dr Élodie Crétel, oncogériatre à l’hôpital de la Timone, à Marseille : « La prise en charge en CHU est optimale, mais les spécialistes oublient parfois qu’ils ont affaire à des personnes âgées. Nous, gériatres, sommes là pour préciser, par exemple, que telle personne souffre de troubles cognitifs qui peuvent provoquer l’apparition d’un syndrome confusionnel en postopératoire. Ou, a contrario, quand les oncologues se demandent si cela vaut la peine d’opérer une femme de 74 ans, nous leur rappelons qu’elle a encore quatorze ans d’espérance de vie… »

La reconstruction mammaire est considérée comme superflue.

VRAI.

« Quand j’ai eu mon cancer du sein, à 66 ans, j’ai annoncé à une amie que j’allais être reconstruite des deux côtés, raconte Martine, 73 ans. J’étais ravie de le lui dire car c’était très important pour moi. Elle m’a répondu : “Qu’est-ce que cela peut faire ?” J’étais sidérée. Les médecins, eux, ont été plus compréhensifs. J’ai beaucoup discuté avec le plasticien, c’était comme un coin de ciel bleu au milieu de ce cauchemar. » Pourtant, il arrive aussi que la reconstruction mammaire soit considérée comme un luxe par le corps médical lui-même. Comme si une femme de plus de 65 ans n’avait plus le désir de se sentir belle et féminine. Comme si elle n’avait plus de sexualité ! « On voit très peu de reconstructions mammaires à partir d’un certain âge, souligne Valérie Larcher. Là aussi, il faut tenir compte de l’état de santé de la patiente car une nouvelle intervention peut entraîner des complications postopératoires, lesquelles aggravent parfois des troubles cognitifs préexistants. Mais il faut aussi entendre la demande de la patiente et s’interroger sur l’impact psychologique de l’ablation sans reconstruction. »

3 QUESTIONS À VALÉRIE LARCHER

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Valérie Larcher, psychologue dans une unité d’oncogériatrie à l’hôpital René-Muret de Sevran

Tient-on compte de l’âge de la personne au moment de l’annonce de son cancer ?

Oui, puisque de nombreux médecins hésitent à annoncer sa maladie à une patiente âgée, considérant qu’elle est forcément fragile. Or, selon moi, l’âge ne devrait pas être un critère. Il faut tenir compte de la personne, tout simplement…

Mais elle peut être vulnérable…

Sur le plan médical, sans doute, mais pas forcément sur le plan psychique. Les personnes âgées sont mieux armées qu’on ne le pense face à la maladie car elles ont entrepris un travail de réflexion sur la mort depuis plusieurs années…

Comment faire, sachant que l’entourage est parfois très protecteur également ?

Il faut réfléchir à ce que la personne peut entendre. Une annonce peut se faire en plusieurs fois, les médecins ne sont pas obligés de tout dire, ou pas tout d’un coup. Les angoisses des familles sont légitimes. Il faut aussi les écouter, travailler avec elles. Cela dit, la personne âgée est un « sujet ». Elle doit absolument savoir certaines choses pour rester actrice de son traitement…

Anne Ulpat


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La rédaction de Rose magazine

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