80 % des cancers de la peau guéris grâce à la chirurgie
« On distingue essentiellement deux types de tumeurs : les carcinomes et les mélanomes. Les premiers (plus de 90 % des cancers de la peau) surviennent généralement après 50 ans sur des zones découvertes du corps (visage, cou, épaules, avant-bras, dos des main…) et se guérissent par une simple chirurgie, explique le dermatologue Dominique Egasse, auteur du Livre blanc de la dermatologie chirurgicale, à condition qu’ils soient dépistés assez tôt et que les marges d’exérèse soient suffisantes : entre 0,5 et 3 cm. »
Les seconds, résultant d’une prolifération de mélanocytes, autrement dit de cellules responsables de la synthèse de mélanine, peuvent se situer n’importe où sur le corps. Ils doivent être détectés et traités rapidement car ils peuvent métastaser. Pour savoir si ce risque métastatique existe, « nous pratiquons le dépistage du ganglion sentinelle, poursuit Céleste Lebbe, professeur de dermatologie à l’hôpital Saint-Louis, responsable du centre d’onco-dermatologie. Cela consiste à retirer le ganglion le plus proche du mélanome pour rechercher une éventuelle métastase. S’il n’y a pas de dissémination, une surveillance clinique régulière sans autre traitement est alors mise en place. En revanche, si l’analyse du ganglion montre la présence de cellules cancéreuses, l’ablation complète de la chaîne ganglionnaire sera pratiquée, et l’on pourra adjoindre un traitement complémentaire pour limiter le risque de récidive ».
Pour les 20 % de malades dont le cancer de la peau est très agressif, inopérable ou dépisté trop tard, le traitement reposait jusqu’à présent sur la chimiothérapie (interféron alpha), parfois sur la radiothérapie, et le pronostic restait sombre.
Mais, depuis 2011, l’apparition de deux thérapies ciblées a révolutionné la prise en charge du cancer de la peau.
La révolution des thérapies ciblées pour traiter le cancer de la peau
« Cela faisait cinquante ans que l’on attendait cela !, s’enthousiasme le Dr Caroline Robert, chef de service de dermatologie à l’institut Gustave-Roussy. Deux molécules à l’efficacité prouvée. La première, l’ipilimumab, est un traitement d’immunothérapie qui stimule les défenses immunitaires en bloquant le récepteur CTLA-4. Il permet des réponses prolongées chez certains patients. La seconde, le vemurafenib, attaque directement les cellules cancéreuses. Il faut savoir qu’environ 50 % des mélanomes sont porteurs d’une anomalie d’un gène dit “BRAF”. Ce dernier fabrique une protéine du même nom qui, lorsqu’elle est mutée, entraîne une prolifération anarchique des cellules cancéreuses. En bloquant cette protéine, il double l’espérance de vie des patients atteints. »
Reste que l’inconvénient majeur de ces thérapies ciblées, ce sont leurs effets secondaires, parfois très lourds : problèmes digestifs, hépatites, douleurs articulaires, syndrome grippal, dépigmentation et photosensibilité de la peau, tumeurs bénignes… Pour mieux les gérer, certains établissements comme l’hôpital Saint-Louis à Paris, l’IGR à Villejuif, l’institut Claudius-Régaud à Toulouse proposent des consultations spécifiques. De son côté, le réseau Mélanome Ouest invite les patientes opérées à participer à un atelier « camouflage » à Nantes. Objectif ? Apprendre à ces femmes, souvent complexées, à estomper les rougeurs sur le visage dues aux traitements, les lésions cutanées, les cicatrices, ou obtenir des conseils sur les soins au quotidien. Et à rester à l’ombre.
(1) Renseignements au 02.40.08.32.22