En 2013, on m’a diagnostiqué un cancer du sein HER2. J’avais 34 ans, deux enfants de 8 et 4 ans. Un mari. Une maison. Après l’ablation du sein droit, de la chimio, de la radiothérapie, de l’hormonothérapie (pour dix ans…) puis une mastectomie prophylactique du sein gauche et enfin une reconstruction mammaire, je me suis retrouvée divorcée, isolée et coincée dans un 20m2 avec mes enfants, pas mal de soucis financiers, et des bleus à l’âme et au corps.
Vu le tsunami que je vivais, je me disais que j’avais un mauvais karma, que je devais mériter ce qui m’arrivait. Et qu’avec ma féminité amputée, aucun homme ne m’aimerait plus jamais. Autant dire que je n’imaginais pas survivre et être heureuse à nouveau. Et puis il y a eu cette soirée de décembre 2014, chez une amie. Je sortais tout juste des traitements, ma reconstruction n’était pas encore à l’ordre du jour. Mes cheveux commençaient seulement à repousser. Pourtant ce soir là, un homme m’a à nouveau fait croire en l’amour. Malgré tout, et surtout malgré moi.
Cette rencontre m’a bouleversée, et je n’ai pas pu faire autrement que de prendre le risque d’aimer. De l’aimer lui, et d’oser vivre avec lui… Nous nous sommes mariés en 2019, en petit comité à la mairie. Et aujourd’hui nous sommes engagés dans une procédure d’adoption. Nos parcours médicaux respectifs, et le fait que nous ayons plus de quarante ans tous les deux, ne nous permettent pas d’avoir un enfant « en bonne santé « . On s’est donc tournés vers l’adoption d’un petit bout « à besoins spécifiques ». En clair, handicapé ou malade. Avoir un enfant différent, finalement ça nous ressemble, nous qui sommes de toute façon en marge des normes de la bonne santé. On l’attend, on l’espère… On ose croire à ce bonheur.
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Propos recueillis par Sandrine Mouchet