Remettons tout de suite les pendules à l’heure… Le vrai sujet n’est pas l’alimentation anticancer, c’est la malbouffe, à l’origine de multiples maladies, dont le cancer. Autrement dit, si 30 % des cancers pourraient être évités dans les pays industrialisés grâce à la prévention nutritionnelle, l’aliment anticancer, lui, n’existe pas.
« Aucun aliment n’est miraculeux, aucun aliment n’est interdit », résume le Dr Bruno Raynard, chef de l’unité transversale de diététique et de nutrition de l’hôpital Gustave-Roussy.
Alors quid du jus de grenade, des tomates, du thé vert et des autres aliments magiques comme le curcuma? « Leur effet sur le cancer a été observé de manière expérimentale chez l’animal ou in vitro sur des cellules isolées. Pas sur l’homme. »
Telles sont les conclusions de l’Anses (Agence nationale de la sécurité sanitaire) en 2011, au terme d’une étude qui passait au crible plus de 445 substances différentes dans 20 000 produits alimentaires.
L’unique recette pour limiter les risques de maladies chroniques
« Des mesures de bon sens et d’hygiène de vie, explique le Pr Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition à l’Institut Pasteur, à Lille. Diaboliser ou encenser certains aliments ne sert à rien. »
Ce que Paule Martel, coordinatrice du Réseau national alimentation cancer recherche (Nacre), résume par: « Il faut réduire notre consommation de viande rouge (pas plus de 500 g par semaine), de charcuterie, d’alcool, de sel, de sucres rapides et de compléments à base de bêta-carotène. A contrario, il faut augmenter notre consommation de fruits et légumes (on peut tous les mettre dans le même panier car c’est la variété et la synergie des antioxydants qui comptent, à condition d’en manger 500 g par jour), forcer sur les volailles et les poissons riches en oméga-3. »
Alimentation santé : notre corps est en manque de nutriments essentiels
Ces fameux oméga-3, que notre organisme ne sait pas fabriquer, constituent le cheval de bataille de Pierre Weill, ingénieur agronome et coprésident de Bleu-Blanc-Cœur, une association qui cherche à améliorer la qualité nutritionnelle des produits en introduisant dans la chaîne alimentaire des sources végétales d’oméga-3 comme le lin, le lupin, le colza…
Dans Mangez, on s’occupe du reste, ce lanceur d’alerte s’attaque aux industries agroalimentaires. Il explique que, pour faire baisser le prix de notre alimentation, ces dernières l’ont sérieusement appauvrie (développement des monocultures, épuisement des sols, diminution de la qualité nutritionnelle de l’alimentation animale…).
Or, notre organisme malmené, en manque de nutriments essentiels, sature.
Dix éléments à privilégier pour être mieux
La malbouffe augmente l’inflammation de nos cellules et ouvre la porte aux maladies. Rassurez-vous, il est encore temps d’inverser la tendance ! Fuyez autant que possible les aliments transformés, privilégiez les filières courtes et apprenez par cœur ce mantra: « Fruits de mer, poissons gras (sardine, maquereau, saumon, hareng, truite, anchois, thon…), mâche, noix, huiles de lin, de colza et de noix, œufs, viandes et volailles élevées avec une nourriture riche en oméga-3 sont mes amis pour la vie ! »
Quelques conseils
À Brides-les-Bains, dans le cadre de la nouvelle cure post-cancer, Nathalie Négro, responsable du centre nutritionnel, consacre tout un atelier aux cuissons. Voici ses conseils:
– Fuyez barbecue (au feu de bois et charbon), fritures (perte en vitamines très importante), panure, rissolage et autres aliments fumés et grillés ! Évitez de chauffer le beurre au-delà de 140 °C (le cholestérol risque de s’oxyder) et les huiles (risque de création d’acides gras trans).
– À vous les cuissons saines : mijoté, court-bouillon, vapeur, étouffée, papillote au four, eau (en salant en début de cuisson pour éviter la fuite des minéraux dans l’eau)…
– Pour compléter, pensez à épicer vos plats, faites des marinades, limitez le sel (pas plus de 6 à 8 g/jour).
INFO +
Mes recettes santé pendant un traitement anticancer, Isabelle Delaleu et Dr Raynard (préfacier) éd. Leducs/Quotidien malin.