Il n’y a aucune raison, aucune explication à la survenue de mon cancer. Et pourtant, il est là. Le diagnostic a été posé en mars 2021 alors que j’étais à six mois de grossesse. C’est un cancer du sein HER2+. J’ai ainsi découvert qu’il n’y avait pas « le cancer du sein » mais des cancers du sein. Autre surprise : malgré ma grossesse, on allait m’administrer de la chimio, du EC, dont l’équipe médicale m’a dit que ce produit ne passait pas la barrière du placenta. C’était censé me rassurer… Malgré tout, comment ne pas m’inquiéter ? J’avais tellement envie de douceur et de cocooner autour de cet enfant, mais impossible avec cette fichue maladie.
« Elle est née avec des cils, des sourcils, signe qu’elle n’avait pas été en contact avec la chimio ! »
Mon 3ème trimestre de grossesse a donc été rythmé par les examens, la pose du PAC, les cures de chimio et de gros accès de culpabilité. Puis, comme prévu dès le départ, est venu le moment de déclencher l’accouchement et de la césarienne. J’en avais déjà subi une pour mon fils, Swann qui a 5 ans, et j’avais rêvé pour ma petite fille d’un accouchement moins médicalisé. Mais bon, tant pis, l’essentiel était qu’elle naisse en pleine forme !
Le 2 juin 2021, dès sa sortie, j’ai pu la tenir dans mes bras pour la première fois. Pendant une demi-heure, je l’ai gardée tout contre moi, et regardée. Elle avait des cils, des sourcils, signe qu’elle n’avait pas été en contact avec la chimio. Elle semblait tellement calme et sereine après toutes ces semaines passées dans l’angoisse et le stress. J’ai aussi pu lui donner son premier biberon. Un moment merveilleux ! Je ne me doutais pas alors de la grosse bataille qui m’attendait.
« Aujourd’hui, j’ai du mal à retrouver de l’élan, de l’enthousiasme, à avoir des envies… »
Dix jours après l’arrivée d’Ethel, j’ai passé un TEP-Scan qui a montré que le cancer avait progressé. En plein post-partum, j’ai pris cette nouvelle comme une seconde annonce de cancer. C’est dur de vivre des instants aussi sombres quand on vient d’avoir un bébé. Vous avez l’impression qu’on vous vole les meilleurs moments d’une maternité. J’en ai pleuré des rivières pendant quinze jours jusqu’au moment où le protocole a repris. Comme on me l’avait indiqué au début, j’ai redémarré avec un cycle de chimio par Taxotere, que je n’ai pas aussi bien toléré que le EC mais auquel j’ai très bien répondu. Puis j’ai subi une mastectomie avec curage axillaire, de la rééducation et des rayons…
Aujourd’hui ? Je suis toujours en traitement et je me sens vide… J’ai dû mal à retrouver de l’élan, de l’enthousiasme, à avoir des envies. J’y travaille avec un psy mais je pense que cela va mettre du temps à revenir. Heureusement, il y a aussi des bonnes nouvelles : il n’y a plus de trace de cellules cancéreuses dans mon organisme. Et je ne me réveille plus le matin en me disant que je ne verrai pas grandir mes enfants. Grande victoire ! À 37 ans, je suis certainement une maman miraculée mais, dans mon histoire, le miracle c’est mon bébé !
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Propos recueillis par Sandrine Mouchet