Ma grand-mère et ma mère ont eu un cancer du sein. Ma mère en est décédée. Alors mon diagnostic, en avril 2018, n’a presque pas été une surprise pour moi. C’était un cancer hormono-dépendant, de grade III, agressif, mais pas métastasé, et sans ganglion touché.
Après une tumorectomie, et juste avant de démarrer la chimiothérapie, on m’a fortement conseillé de faire une préservation d’ovocytes, ce que j’ai fait et qui a permis d’en prélever 10. Je me souviens d’avoir vécu cette procédure comme une première victoire sur mon cancer. Savoir qu’un jour je pourrais être maman malgré tout m’a redonné un coup de fouet psychologique pour affronter le reste de mon parcours, qui m’a amenée à janvier 2019.
« Me savoir enceinte a changé mon état d’esprit, je n’angoisse plus à l’idée d’une récidive » – Céline, 35 ans
Là, j’ai commencé l’hormonothérapie. Avant de me lancer pour 5 ans, j’ai quand même demandé à l’oncologue s’il était possible d’avoir un bébé en cours de traitement. Elle m’a expliqué que je pourrais faire une pause au bout de 18 mois de traitement et pendant 2 ans, mais qu’il faudrait reprendre l’hormono rapidement après l’accouchement. Je pouvais tenter de tomber enceinte naturellement, mais d’emblée j’ai pris 2 décisions : démarrer ma pause dès juillet 2020 et utiliser mes ovocytes. Les 2 premières FIV n’ont pas pris, la troisième si.
J’ai appris que j’étais enceinte le 16 avril 2021, date anniversaire de mon mariage ! En plus d’un cancer, je souffre de la maladie de Crohn et d’un syndrome d’inflammation des artères, alors je suis très suivie, très bien entourée, et quand j’ai une question on y répond sans tabou.
Me savoir enceinte a changé mon état d’esprit. Je n’angoisse plus à l’idée d’une récidive, parce que je ne suis plus sous hormono. Je positive, je prends conscience de ce qui se passe dans mon corps, je travaille sur tout ça en faisant des exercices de respiration et du yoga. Je reste quand même partagée entre la joie de créer une famille, d’accueillir ce bébé, et l’angoisse de ne pas être à la hauteur. Je me sens une maman en construction. Avec mon mari, au fur et à mesure des semaines, nous écrivons une chanson à notre bébé. On la lui chante pour lui dire qu’on l’aime, et que tout ira bien. On crée déjà un lien avec notre Petit Esquimau, c’est le surnom qu’on lui a donné… Eh oui ! C’est un bébé congelé !
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Propos recueillis par Sandrine Mouchet
Photos de Corinne Mariaud
Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 21, p. 70)