Les causes du retour acnéique
Les causes de cette invasion épidermique ne sont pas les mêmes que celles qui ont pourri votre adolescence. En fait, on discerne deux types d’acné.
Le premier, qui apparaît souvent en début de traitement anticancéreux, est profus et s’apparente plus à une hyperinflammation, proche de l’eczéma. Il est dû aux traitements ciblés, notamment aux anti-EGFR. « Ce type d’acné ne cause généralement pas de cicatrices mais peut laisser des marques inflammatoires », explique le Dr Thioly-Bensoussan, dermatologue à Paris.
Le seconde type d’acné, plus fréquent, est dit « acné de la trentaine » et envahit, en général, le bas du visage et la partie haute du cou. Il se traduit par des comédons et des microkystes. Les facteurs de développement sont divers. Probablement hormonaux (aménorrhées consécutives aux chimiothérapies, traitements d’hormonothérapies, ménopause), mais aussi liés au stress. Cette acné-ci ressemble à celle de l’adolescent. On va donc la traiter de la même manière, notamment avec des solutions de désincrustation légère associées à des antibiotiques. Pour prévenir son arrivée, pas de mystère, selon le Dr Boineau, dermatologue et médecin esthétique à bordeaux : « Une hygiène de peau parfaite, et surtout un démaquillage complet tous les soirs. »
Comment s’en débarrasser
Les clichés concernant l’acné ont la vie dure. Avant tout, il faut cesser d’agresser sa peau. Ce n’est pas en s’étrillant l’épiderme qu’on se débarrassera des boutons, bien au contraire. La première étape pour effacer son acné, c’est de retrouver une peau apaisée. À la maison, optez pour un nettoyage en douceur suivi d’une hydratation. On oublie les crèmes anti-âge car les acides ou vitamines appliqués en surface, comme l’acide hyaluronique, sont bien trop abrasifs et peuvent provoquer des inflammations sévères. Exit aussi les masques qui assèchent et fragilisent la peau ainsi que les peeling avec des particules, qui ne font que prolonger les boutons.
En revanche, demander à votre dermatologue un nettoyage de peau dermatologique : il s’agit de l’excision des microkystes qui se logent sous l’épiderme et finissent toujours par donner des boutons. Ces mêmes boutons rouges douloureux avec une « mèche » blanche que l’on ne résiste pas à grattouiller et qui propagent l’invasion. Cette intervention ne laissera pas de cicatrices.
Pour prévenir le fleurissement boutonneux, la technologie LED arrive aussi à la maison : Talika commercialise le Free Skin, une machine de la taille d’une brosse à dents électrique dont l’embout diffuse une lumière LED à passer chaque jour quelques minutes sur le visage. La lumière bleue aseptise, la rouge agit contre l’inflammation. C’est sans douleur, rapide et efficace.
La médecine esthétique à notre aide
Autant pour prévenir les poussées boutonneuses que pour soigner les cicatrices, la médecine esthétique s’avère une alliée précieuse. « Pour les peaux acnéiques, j’utilise l’Icon 1540 : le laser arrive jusqu’au derme moyen, va chauffer la glande sébacée et l’atrophier. Elle produira moins de sébum et la patiente aura moins de bouton », explique le Dr Boineau.
Cécile, quarantenaire qui après des traitements de chimio a vu apparaître un tapis de boutons sur ses joues, témoigne : « J’avais tout essayé, mon acné inflammatoire était devenue résistante aux antibiotiques locaux. L’Icon a été très efficace. Ça chauffe un peu sur le moment, on sort avec l’impression d’un coup de soleil, mais pas d’autres effets secondaires. En deux séances, les boutons ont commencé à disparaître, comme asséchés de l’intérieur. »
En cas de cicatrices
« À chaque problème sa solution. Il faut être pragmatique. Pour certaines, un peeling à l’acide glycolique ou au TCA (acide trichloracétique) est un bon coup de pouce à la régénération de l’épiderme. Pour d’autres, il faut plutôt recommander des lasers fractionnels. La radiofréquence peut aussi se révéler une bonne solution : des micro-aiguilles pénètrent dans la peau et vont créer une réaction inflammatoire entraînant la cicatrisation par la formation de collagène. Enfin, si la cicatrice est très en creux (en pic à glace), on peut la relever puis, après cicatrisation, faire un laser de relissage », explique le Dr Boineau.
VRAI/FAUX, LE TEST ULTIME
Je fais une razzia au rayon détergents
Faux. L’acné qui apparaît pendant ou après les traitements s’apparente à de l’eczéma. On ne commet pas l’erreur de piquer les soins de son ado. Ces traitements sont beaucoup trop agressifs pour votre peau hypersensible. On opte plutôt pour la douceur et une hydratation en profondeur, avec des gammes adaptées.
Rien de mieux qu’un gommage
Faux. On bannit les gommages, beaucoup trop abrasifs, qui favorisent la prolifération des boutons. De même, on fuit tout produit contenant de l’alcool. On réapprend les bons gestes pour chouchouter sa peau : on ne frotte pas, on tapote, avec une serviette pour sécher, avec les doigts pour appliquer. Une peau saine reste la base. On choisit une eau micellaire pour peau sensible, une gelée ou un dermo-nettoyant.
Mon nouveau mantra, c’est l’hydratation
Vrai. Stop à l’idée reçue selon laquelle hydratation = boutons ! Votre peau est assoiffée, il faut l’abreuver. Appliquez votre crème en bonne quantité. Au contraire, ne pas en mettre suffisamment favorise l’apparition des boutons pour cause de déshydratation. Alors à vos tubes !
Le maquillage va me donner plus de boutons
Faux. On nettoie, hydrate et protège avant d’envisager un camouflage. Le fond de teint n’étouffe pas la peau, sauf s’il est appliqué sur une peau asséchée qui va le boire et donner un aspect croco. C’est la déshydratation qui va stimuler l’apparition de boutons et non le fond de teint. Il ne faut pas négliger la qualité du produit et préférer une gamme hypoallergénique. Vous pouvez alors vous maquiller comme à votre habitude, ou corriger légèrement les petites imperfections, rougeurs, qui vous gênent.
Mathilde Pinqué