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Cinq conseils pour préserver sa santé bucco-dentaire

{{ config.mag.article.published }} 21 février 2022

{{ config.mag.article.modified }} 12 août 2023

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Moins visibles que la perte des cheveux, les conséquences de la chimiothérapie et de la radiothérapie sur vos dents et vos gencives sont loin d’être négligeables. Soyez vigilantes et précautionneuse.

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Tout comme l’organisme ou la surface de la peau, la bouche héberge des millions de bactéries, bonnes et mauvaises, appelées le microbiote buccal. L’équilibre de cette flore et une bonne oxygénation de la cavité buccale sont essentiels à la bonne santé des dents et des gencives. Et le meilleur moyen de préserver ce bel équilibre… « c’est le brossage des dents ! », rappelle le Dr Blanche Rosenblum Beer-Gabel. Cent vingt secondes chrono sont conseillées pour un brossage efficace. Vous pensez maîtriser le geste depuis toujours ? À voir… La vidéo-tuto de cette chirurgienne-dentiste parisienne pourrait bien vous faire changer d’avis !

Si vous êtes sur le point de commencer vos traitements, sachez que ces derniers « favorisent la sécheresse buccale, ce qui entraîne le développement des bactéries anaérobies (qui vivent sans oxygène) et contribue au déséquilibre du microbiote, avertit notre spécialiste. D’où l’importance de prendre rendez-vous chez votre dentiste pour un bilan complet deux à trois semaines avant le début des traitements afin d’éviter tout risque d’urgence dentaire ensuite ».

Outre le détartrage, il pourra aussi procéder au soin de caries passées inaperçues ou revoir (si besoin) les prothèses défectueuses. N’hésitez pas non plus à lui signaler vos petites gênes, récentes ou récurrentes : gencives douloureuses, ou qui saignent – spontanément ou seulement au brossage –, si des aliments peuvent se coincer entre vos dents, et si certaines d’entre elles sont sensibles au chaud ou au froid. Précisez-lui enfin les protocoles que vous suivrez dans les prochains mois afin qu’il adapte les soins à votre calendrier.

Pendant les traitements, surveillez régulièrement votre bouche et informez votre médecin si un problème apparaît : ulcérations, aphtes, plaques blanches ne disparaissant pas au rinçage, caries, douleurs, difficultés pour avaler ou pour mâcher, saignements excessifs des gencives, coloration de vos dents… L’objectif étant d’éviter toute infection, une parodontite, voire une nécrose osseuse, complication qui peut survenir plusieurs années après les traitements. Et pour garder la force de montrer les dents face au cancer, et un beau sourire malgré tout, on vous souffle quelques précieux conseils.

Utiles : les brossettes, fil dentaire et bain de bouche

Même le meilleur brossage et un dentifrice adéquat ne permettent pas d’atteindre tous les recoins de votre bouche. C’est tout l’intérêt du fil de soie dentaire et des brossettes à glisser dans les interstices entre les dents. Pour une haleine fraîche et une bouche bien propre, rincez celle-ci avec un bain de bouche sans alcool. Il suffit de se gargariser trente à soixante secondes avant de recracher. Il est préférable de ne pas boire ou manger durant les trente minutes qui suivent.

Adepte des produits « faits maison » ? Mélangez ½ à 1 cuillère à café de sel de cuisine et ½ à 1 cuillère à café de bicarbonate dans 1 litre d’eau plate. Conservez ce mélange au frigo et renouvelez-le toutes les vingt-quatre heures. N’hésitez pas à rincer votre bouche à l’eau après utilisation.

Essentielle : l’hydratation buccale

La radiothérapie de la sphère ORL, comme certaines chimiothérapies et le stress, peut provoquer des altérations de la sécrétion salivaire telles l’hyposialie (diminution de la sécrétion salivaire) ou l’asialie (absence totale de salive). Vous pouvez éprouver alors une sensation de brûlure, une hypersensibilité dentaire, des difficultés à mastiquer…

« Les bactéries plus concentrées adhèrent mieux aux surfaces dentaires, créant ainsi un milieu favorable à leur développement, explique le Dr Beer-Gabel. C’est pourquoi l’hydratation est primordiale. Quand vous buvez beaucoup d’eau, vous éliminez les résidus alimentaires dont les bactéries se nourrissent et favorisez la production de la salive. Pour saliver davantage, mâchez des gommes sans sucre, des bonbons, des glaçons et buvez 1 à 2 litres d’eau par jour. »

Si cela ne suffit pas, votre dentiste ou votre médecin pourront vous prescrire des stimulateurs de salive (parasympathomimétiques), des substituts salivaires et/ou des gouttières de fluoration.

Prévenir aphtes et mucites

La recommandation de base est de sucer des glaçons pendant une demi-heure à une heure lors des perfusions de chimiothérapie (à condition de le supporter). Le froid a un effet vasoconstricteur, ce qui limite l’exposition des muqueuses de la bouche aux médicaments au moment où les concentrations sont le plus élevées.

Mais savez-vous que la prévention passe également par l’alimentation ? Limitez tout ce qui est acide, agressif, dur ou croquant. Exit les fruits et légumes crus ! Préférez-les cuits et mixés, en compote, purée ou milk-shake. Évitez l’alcool (et le tabac !), les épices, noix, noisettes, agrumes, sauce tomate, vinaigrette, gruyère et les condiments (ketchup, moutarde…), ou encore les chips, biscottes, toasts ou la croûte du pain, qui peuvent vous blesser. L’astuce pour que les boissons n’entrent pas en contact direct avec les muqueuses lésées : boire à la paille.

INFO +

Dorlotez votre microbiote buccal en équilibrant votre assiette avec des aliments acidifiants et alcalinisants. Exemple : raisins + abricots secs + fromage ou viande + légumes verts.

Outre les apports indispensables en calcium (dans les laitages, les épinards…) et en vitamine D (dans les poissons gras), n’oubliez pas le fluor, qui renforce la résistance de l’émail. Certaines eaux minérales en contiennent (Vichy, St-Yorre…). Vous pouvez aussi ajouter une pincée de sel enrichi en fluor à vos plats.

Côté hygiène, brossez-vous les dents encore plus souvent et faites des bains de bouche 8 à 10 fois par jour en gargarisme. Mais attention : un bain de bouche traitant ne doit pas être utilisé plus de 5 jours consécutifs, car il peut provoquer un déséquilibre de la flore bactérienne.

En cas de douleur, votre médecin pourra vous prescrire un anesthésique local (par exemple la Xylocaïne visqueuse 2 %), un anti-inflammatoire, ou des antalgiques, voire un traitement à base de cortisone. Si la mucite est aggravée par une surinfection liée à un champignon (mycose), il ajoutera un antifongique. Il existe aussi des solutions qui ne nécessitent pas d’ordonnance. Votre pharmacien pourra par exemple vous conseiller d’appliquer un pansement vaseliné, comme Jelonet.

Pour les mucites liées à la radiothérapie, sachez que des séances de laser hélium-néon basse énergie sont efficaces, à la fréquence de 3 à 5 fois par semaine. Parlez-en avec votre spécialiste.

Préserver le pH de votre bouche

La bonne santé bucco-­dentaire dépend du pH de la bouche, qui doit rester autour de 6,5 à 7 (valeur d’équilibre). Or les nausées et les vomissements font baisser le pH intrabuccal et peuvent générer, favoriser, ou aggraver les caries, l’érosion et l’abrasion de l’émail. Rincez-vous donc bien la bouche à l’eau claire et attendez vingt minutes avant de vous brosser les dents.

Sachez aussi que les cures de chimio sont parfois la cause d’une baisse du nombre de plaquettes dans le sang (la thrombopénie), donc mieux vaut éviter tout ce qui peut faire saigner. En cas d’importante diminution du taux de globules blancs (neutropénie), pensez à la signaler à votre dentiste afin qu’il vérifie qu’il n’y a pas de foyer infectieux bucco-dentaire.

Efficacité prouvée : la photobiomodulation

Depuis 2018, les référentiels internationaux recommandent la photobiomodulation dans la prévention des mucites. Cette technique, qui repose sur des propriétés particulières de la lumière rouge, est pourtant encore (trop) peu proposés dans les établissements hospitaliers1.

Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 20, p. 114)

1. En 2023, date de la mise à jour de cet article.


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Céline Dufranc

Journaliste

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