La vaccinothérapie apprend à notre système immunitaire à reconnaître et détruire les cellules infectées par des virus. Elle apparaît donc comme un traitement de choix pour lutter contre les cancers causés par le papillomavirus, au premier rang desquels, le cancer du col de l’utérus (voir notre encart « Le saviez-vous ? »). Malheureusement, la vaccinothérapie est très peu efficace. En tout cas, lorsqu’elle est utilisée seule. L’équipe du Dr Christophe Le Tourneau, oncologue médical à l’Institut Curie, a donc eu l’idée de la combiner à un autre traitement innovant : l’immunothérapie. Ces 2 traitements pourraient en effet agir en synergie.
La vaccination permet de mobiliser les cellules de notre système immunitaire qui circulent en permanence dans notre corps. Elle les incite à se diriger vers les organes où se trouvent des cellules infectées par le HPV – autrement dit : la tumeur – pour les détruire. Mais il arrive souvent, qu’une fois sur place, les globules blancs soient « endormis » par la tumeur elle-même. Ils sont alors incapables d’exercer leur rôle (lire notre BD : « L’insaisissable gang des K »). C’est là qu’entrerait en jeu l’immunothérapie : en bloquant ces mécanismes d’inhibition, elle permettrait à notre système immunitaire de “se réveiller” et de détruire la tumeur.
Les résultats du Dr Le Tourneau, présentés à l’ESMO cette année, sont préliminaires mais prometteurs. L’équipe française a administré le TG4001 – un vaccin dirigé contre le sérotype 16 de l’HPV, la forme la plus répandue du virus – en combinaison avec l’avelumab, un anticorps anti-PDL1 à 9 patients. Elle a ainsi démontré l’innocuité du traitement. Elle a également pu observer un « réchauffement » de la tumeur : « La tumeur des patients étaient infiltrée par un nombre important de cellules du système immunitaire. Celles-ci étaient aussi davantage activées. Par ailleurs, il y avait moins de cellules suppressives, c’est-à-dire capables d’inhiber l’action du système immunitaire » explique le Dr Kaidre Bendjama, l’un des chercheurs de l’étude. Le traitement a permis de réduire la taille de la tumeur de 3 patients et, pour l’un d’eux, la réponse perdure depuis 2 ans.
Des résultats complémentaires sur une cinquantaine de patients devraient être publiés d’ici la fin de l’année prochaine : ils permettront de déterminer si cette association apporte un bénéfice significatif aux patients. Les chercheurs pourront également discriminer la part attribuable à la vaccinothérapie et de celle attribuable à l’immunothérapie.
Emilie Groyer
Le saviez-vous ?
Quand on pense HPV, on pense automatiquement cancer du col de l’utérus. Ces virus sont en effet associés à la quasi totalité de ces cancers. Ce que l’on sait moins c’est que les HPV sont également associés à 90% des cancers de l’anus, 50% des cancers de la verge, 40% des cancers de la vulve, 70% des cancers du vagin et 40% des cancers de l’oropharynx.