Les femmes traitées par hormonothérapie sont nombreuses à rapporter des effets secondaires très importants. À quoi sont-ils dus ?
Dr Delphine Wehrer : Parce qu’elles favorisent la multiplication de certaines cellules tumorales, les hormones sexuelles féminines sont les cibles de l’hormonothérapie. Or ces messagers circulant dans le sang jouent habituellement un rôle important au sein de l’organisme, les neutraliser induit une modification du métabolisme, comparable à celui qui se produit au moment de la ménopause.
LIRE AUSSI : Hormonothérapie, késaco ?
Concrètement, en quoi consistent ces modifications ?
Chacune d’entre elles est associée à une fonction normalement assurée par les œstrogènes. C’est le cas de la régulation de la température corporelle, dont l’altération conduit à la survenue de bouffées de chaleur. Les femmes touchées par ces dernières le sont généralement dès le début du traitement, et le phénomène ne s’accentue pas par la suite. À l’inverse, la prise de poids, très fréquente, peut survenir au bout de quelques mois seulement. Les œstrogènes ayant également un rôle de protection des articulations et du système cardiovasculaire, des douleurs articulaires et ostéoarticulaires, parfois très intenses, sont fréquemment observées, et le capital osseux ainsi que la santé cardiovasculaire font l’objet d’une vigilance particulière.
Autres difficultés fréquemment rapportées : une fatigue importante, parfois associée à des troubles cognitifs. Dans la sphère gynécologique, la carence hormonale conduit à un amincissement de la muqueuse vaginale, susceptible de provoquer un inconfort important lors des rapports sexuels. La flore protectrice du vagin est également affectée, augmentant le risque d’infections urinaires et vaginales. Certaines patientes sont aussi touchées par des troubles périnéaux.
LIRE AUSSI : L’atrophie vaginale, késaco ?
Comment réagir ?
En ne laissant pas ces symptômes s’installer. Pour chacune de ces difficultés, il existe des solutions, médicamenteuses ou non. Il est important d’éviter surtout d’arrêter son traitement sans en avertir son médecin, comme le font certaines femmes qui ne supportent plus ces effets secondaires, parfois très intenses.
Pour cela, il faut ouvrir le dialogue avec son oncologue, et, le cas échéant, solliciter en parallèle son médecin traitant ou un autre professionnel compétent. Nutritionnistes, gynécologues, rhumatologues et spécialistes des centres anti-douleur sont vos alliés !
EN VIDÉO :
Retrouvez une description exhaustive des solutions envisageables pour chaque effet secondaire rencontré en visionnant l’intégralité de notre webinaire animé par le Dr Delphine Wehrer, gynécologue à l’institut Gustave Roussy (et bien d’autres !) sur notre chaîne Youtube.