« Apprendre que l’on a un cancer alors que l’on est enceinte est extrêmement déstabilisant », reconnaît Catherine Adler-Tal, psycho-oncologue [et vice-présidente et psychologue de l’association Etincelle, NDLR]. Afin d’aider ces femmes fragilisées, les équipes médicales de l’AP-HP (hôpitaux Tenon, Béclère, Cochin/Saint-Vincent-de-Paul) et de l’Institut Gustave-Roussy ont organisé un réseau dédié à la prise en charge des cancers pendant la grossesse.
Objectif ? Informer médecins et patientes des différents traitements possibles pendant la grossesse et de leur efficacité. « Nous avons élaboré des référentiels pour que la prise en charge soit homogène partout en France », précise le Pr Roman Rouzier, gynécologue-obstétricien et oncologue, Directeur médical du pôle sénologie de l’institut Curie. D’une manière générale, l’attitude thérapeutique dépendra de l’avancement de la grossesse, du type histologique et de l’extension de la tumeur. Lorsque le cancer est découvert au cours du premier trimestre, « la question de l’avortement thérapeutique est rarement justifiée car elle ne modifie pas le pronostic », rassure le Pr Rouzier, sauf en cas de cancer inflammatoire non opérable.
Des chimios dès le 2e trimestre de grossesse
Pour le reste, la majorité des traitements peuvent être mis en œuvre sans être nocifs pour le fœtus. Indiquée en priorité, la chirurgie reste possible à tout moment. Pendant la chimiothérapie néo-adjuvante, la patiente doit être suivie de façon conjointe par l’oncologue et l’obstétricien afin de s’assurer qu’aucune complication fœtale n’apparaît et pour optimiser le moment de l’accouchement. Toutes les molécules de chimio ne sont pas utilisables pendant la grossesse, ce qui nécessite que la prise en charge soit réalisée dans un centre spécialisé.
En revanche, il est préférable de différer la radiothérapie après l’accouchement, l’exposition aux rayons pouvant provoquer des malformations chez l’enfant. L’accouchement, souvent par césarienne, sera programmé trois semaines avant terme. Des avancées rendues possibles par le développement de la pharmacologie clinique : « Nous réalisons des mesures ponctuelles dans le sang de la mère, du cordon, et de l’enfant pour étudier le passage éventuel du médicament à travers le placenta« , explique le Pr Rouzier. Enfin, une prise en charge psychologique est proposée. Ces femmes qui doivent livrer un double combat pour la vie devront veiller à « ne pas surinvestir l’enfant ni à lui transmettre des angoisses », conseille Catherine Adler-Tal.
INFO +
– Joindre l’hôpital Tenon, centre coordonateur pour la prise en charge des cancers et grossesses, où se situe le secrétariat du réseau au 01.56.01.60.19.
– Une publication du Réseau CALG (Cancers Associés à La Grossesse)
– Les centres labellisés par l’INCa pour le traitement des cancers rares