CE QU’IL FAUT RETENIR :
Deux médicaments sont dorénavant accessibles aux femmes touchées par un cancer du sein triple négatif métastatique :
– le pembrolizumab (Keytruda©), une immunothérapie anti-PD1, en première ligne de traitement métastatique en association à une chimiothérapie, si la tumeur exprime le marqueur PDL1.
– le sacituzumab govitecan (Trodelvy©), un anticorps conjugué anti-Trop2, à partir de la 2ème ligne de traitement métastatique.
Il y a quelques jours, la HAS a autorisé l’accès précoce au pembrolizumab aux Triplettes* en condition métastatique. Vous attendiez-vous à avoir un feu vert si rapidement ?
Non. La rapidité de la HAS (Haute Autorité de Santé, ndlr) tient probablement au fait que les associations de patientes, comme RoseUp et le Collectif #MobilisationTriplettes, se sont mobilisées et que les médecins ont soutenu leurs actions. Au vu du bénéfice en termes de survie globale, il aurait été contraire à l’éthique de ne pas rendre ce traitement accessible aux femmes qui peuvent en bénéficier.
Justement, qui pourra bénéficier de ce traitement ?
Le pembrolizumab sera donné, en association à de la chimiothérapie, dès la première ligne de traitement aux femmes qui sont en rechute ou qui ont des métastases. Mais, et c’est important, seules les femmes dont la tumeur exprime le marqueur PDL1 pourront en bénéficier car les études ont démontré que ce traitement n’était efficace que chez ces patientes. Cela représente 40% des patientes touchées par un cancer du sein triple négatif. Cela signifie donc que 60% d’entre elles ne sont pas éligibles à ce traitement.
J’insiste aussi sur le fait qu’il ne sera pas donné en 2ème ou 3ème ligne de traitement car aucune donnée scientifique ne montre l’efficacité du pembrolizumab au-delà de la première ligne.
Les Triplettes en condition métastatique ont également accès depuis début novembre au Trodelvy. Comme le pembrolizumab, il s’agit d’un anticorps…
En effet mais leur mécanisme d’action est complètement différent.
Le pembrolizumab est un anticorps qui cible le PD1 et permet de réactiver le système immunitaire du patient endormi par la tumeur. Il s’agit donc d’une immunothérapie.
Le Trodelvy en revanche est un anticorps conjugué à une chimiothérapie. Comme il cible une protéine – Trop2 – présente à la surface des cellules cancéreuses, il va permettre de véhiculer la chimiothérapie jusqu’à la tumeur.
Le Trodelvy ne s’adresse pas non plus aux mêmes patientes ?
Contrairement au pembrolizumab qui est donné dès la première ligne de traitement, le Trodelvy est administré à partir de la 2ème ligne. Pour bénéficier du Trodelvy, la patiente doit donc avoir eu au moins une ligne de traitement en condition métastatique.
En revanche, le Trodelvy est ouvert à toutes les malades. Il n’y a pas de sélection en fonction de marqueurs exprimés par la tumeur comme c’est le cas pour le pembrolizumab avec le statut PDL1.
Cela signifie que certaines Triplettes pourraient à la fois bénéficier du pembrolizumab et du Trodelvy ?
Oui, si leur tumeur exprime le PDL1, elles pourront recevoir le pembrolizumab en première ligne de traitement puis, le Trodelvy si elles rechutent.
Ces traitements innovants sont-ils très différents des traitements actuels ?
Ils demandent un suivi particulier en raison des effets indésirables qu’ils peuvent provoquer. Avec le Trodelvy par exemple, il y a un risque de pneumopathie donc on va faire des scanner réguliers. Avec le Keytruda, on a des risques de dysthyroïdie donc on va doser les hormones thyroïdiennes pour vérifier le fonctionnement de cette glande. Ce sont des examens que les sénologues n’ont pas forcément l’habitude de faire.
Pour autant, il ne faut pas inquiéter inutilement les patientes, ce ne sont pas des médicaments particulièrement toxiques.
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*Surnom que les femmes atteintes d’un cancer du sein triple négatif se sont donné.