Dr Barrière : Cette question est encore débattue aujourd’hui. On ne connait pas le seuil en deçà duquel les anticorps ne confèrent plus de protection suffisante face au virus. Les chercheurs essaient de répondre à cette attente mais ce n’est pas facile. Les études sur l’immunité contre le Covid-19 utilisent des techniques d’analyse différentes pour la sérologie. Certaines analysent les anticorps anti-Spike, la fameuse protéine qui permet au virus d’entrer dans nos cellules. D’autres analysent les anticorps anti-N, qui ne sont présents que lorsqu’on a développé la maladie. Si on ne les détecte pas, ça ne veut donc pas dire qu’on n’a pas été en contact avec le Sars-Cov-2, juste qu’on n’a pas développé le Covid-19. Et enfin, il y a les anticorps neutralisants, capables de bloquer l’entrée du virus dans les cellules, qu’on utilise uniquement en recherche.
Concrètement, dans ma pratique, je me base sur les recommandations générales pour déterminer si je propose ou non un rappel vaccinal. Je le conseille systématiquement à toutes les personnes de plus de 65 ans qui ont été vaccinées depuis plus de 6 mois, indépendamment de leurs traitements. Pour les autres, c’est au cas par cas.
De part notre expérience, même s’il n’y a pas de consensus sur le seuil en deça duquel on est moins protégé, ce qui semble émerger c’est qu’il se situe autour de 40 BAU (ou 300 AU). Pour information, une personne qui répond bien à la vaccination à un taux d’anticorps autour de 2000 BAU. Si une personne a un taux d’anticorps inférieur à ce seuil, on va lui recommander de recevoir une 3ème dose précoce, c’est-à-dire sans attendre 6 mois après la 2ème dose.
Si une personne a un taux intermédiaire, la décision se fera au cas par cas. Par exemple, si la personne est âgée, on pourra envisager une dose de rappel précoce parce qu’elle a d’autres critères de risque. Si la personne a 30 ans et qu’elle n’est pas à risque parce qu’elle n’est plus sous chimiothérapie par exemple, la dose de rappel pourra attendre.
Mais ce sont nos pratiques. Il n’y a pas encore de recommandation des sociétés savantes internationales. D’autres centres proposent la dose de rappel aux personnes atteintes de cancer de manière plus systématique.
Il est important de rappeler que la réponse humorale – c’est-à-dire les anticorps produits par les lymphocytes B – n’est pas la seule arme de notre système immunitaire contre le Sars-Cov-2. La réponse cellulaire des lymphocytes T confère aussi une protection. Malheureusement pour le moment nous ne savons pas la quantifier.
LIRE AUSSI : Retrouvez tous nos articles sur la vaccination, l’impact de la pandémie sur les malades de cancer, les risques face au Covid-19, les pertes de chance… dans notre dossier complet Cancer et Covid-19.
EN VIDÉO : Retrouvez l’ensemble des Questions/Réponses sur le coronavirus ici et nos webinaires sur notre chaine YouTube.
Propos recueillis par Emilie Groyer