« L’injection d’une troisième dose de vaccin à ARNm est nécessaire pour les personnes sévèrement immunodéprimées. » C’est ce qu’a annoncé hier la Direction Générale de la Santé dans un communiqué urgent adressé aux professionnels de la santé. La 3ème injection de vaccin anti-Covid devra intervenir « 4 semaines au moins après la 2ème dose, ou dès que possible pour les personnes qui auraient déjà dépassé ce délai » précise le communiqué.
Cette recommandation fait suite à l’avis du 6 avril dernier du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale présidé par le Pr Alain Fischer.
Les personnes transplantées particulièrement vulnérables
Qui sont les personnes considérées comme « sévèrement immunodéprimées » ?
En premier lieu, les malades ayant subi une transplantation d’organes solides. Les traitements qu’ils reçoivent pour éviter le rejet de la greffe diminuent en effet grandement leurs défenses immunitaires.
Une étude récente publiée dans la revue JAMA montre ainsi qu’après une dose de vaccin à ARNm, les anticorps capables de neutraliser le virus SARS-Cov-2 sont détectés chez seulement 17% des greffés. Cette étude n’a toutefois pas permis de déterminer si ces malades développaient l’autre réponse immunitaire capable de détruire le virus : la réponse cellulaire, impliquant notamment les lymphocytes T.
Les personnes atteintes de cancers hématologiques aussi concernées
Sont également considérés comme « sévèrement immunodéprimés » :
- les transplantés récents de moelle osseuse,
- les patients dialysés,
- les patients atteints de maladies auto-immunes sous traitement immunosuppresseur fort de type anti-CD20 ou anti-métabolites.
Les personnes touchées par un cancer hématologique (leucémies, lymphomes, myélomes) sont donc particulièrement concernées par cette 3ème dose : le transfert de moelle osseuse et les anticorps anti-CD20 (notamment le Rituximab) étant des traitements classiques de ces cancers « du sang ».
Bientôt des recommandations pour les autres malades et leurs proches
Le communiqué précise également que « des recommandations seront ultérieurement émises concernant la nécessité d’une troisième dose pour les insuffisants rénaux chroniques non dialysés, les patients atteints de cancers et les patients atteints de maladies auto-immunes sous d’autres traitements immunosuppresseurs. » Les recommandations pourraient donc être élargies à d’autres cancers.
Par ailleurs, la Haute Autorité de Santé se réunit actuellement pour rédiger un avis sur la vaccination de l’entourage. Cette stratégie permettrait de protéger indirectement les personnes vulnérables par un effet « cocooning ».
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Emilie Groyer