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Cancer et coronavirus : « N’attendez pas si vous avez un symptôme, consultez ! »

{{ config.mag.article.published }} 22 avril 2020

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Les oncologues s'inquiètent du faible nombre de personnes qui se rendent à l'hôpital pour diagnostiquer un cancer. Ces retards de prise en charge laissent craindre un effet rebond à la sortie du confinement. Le Pr Jean-Yves Blay, président d'Unicancer, nous explique.

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Unicancer a souhaité alerter sur les risques de retard dans le diagnostic de nouveaux cas de cancer. Pourquoi cela vous a paru important ?

Pr Jean-Yves Blay : Parce qu’on a l’impression que certains malades attendent la fin du confinement pour consulter. Depuis le début de la crise, on voit arriver moins de patients avec des tumeurs qui ne suscitent pas un sentiment d’urgence. Par exemple, on n’a plus en consultation de femmes qui viennent parce qu’elles sentent une boule au niveau de leur sein.

Il faut que les gens consultent quand ils ont des symptômes qui les inquiètent . Cela peut être une douleur, une boule dans le sein comme je le disais, une hémorragie gynécologique ou digestive… Le retard au diagnostic est très préjudiciable aux chances de survie. e cancer se fiche du Covid, il n’attendra pas la fin du confinement pour progresser.

De quels risques parle-t-on ?

On sait que les risques de décès par cancer augmentent à chaque mois perdu dans le diagnostic. À la fin du confinement, 2 mois seront passés. En France, environ 30 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués par mois. Si on estime que la moitié des personnes ne consultent pas – ce qui n’est pas loin de la vérité – cela signifie que 15 000 malades sont susceptibles d’avoir un retard de diagnostic. D’après les données et si on fait un calcul « à la louche », cela signifie qu’environ 3 000 malades supplémentaires risquent de décéder parce que leur cancer aura été diagnostiqué tardivement.

« Le cancer se fiche du Covid, il n’attendra pas la fin du confinement pour progresser. »

Certaines personnes ne vont pas consulter parce qu’elles ont peur d’être infectées par le Covid en se rendant à l’hôpital. Comment pouvez-vous les rassurer ?

C’est vrai qu’il y a des injonctions paradoxales : on dit qu’il faut rester à la maison pour éviter d’être exposé au coronavirus et, en même, qu’il faut se rendre à l’hôpital si nécessaire. Mais il faut dire à ces personnes qu’elles seront prises en charge de manière adéquate et sans risque vis-à-vis du Covid. Les patients ne peuvent rentrer dans les services d’oncologie que s’ils n’ont aucuns symptômes. S’ils ont des symptômes, ils entrent dans un autre circuit.

Il n’y a encore eu aucun cas de patient contaminé à l’hôpital en France.

D’autres ont peur de déranger…

Dans les centres de lutte contre le cancer, la mission qui nous est impartie c’est d’accueillir les malades de cancer. Les patients ne dérangent jamais : par définition, on est là pour eux. Par ailleurs, on a suivi les consignes de décaler les actes qui étaient décalables sans danger et sans perte de chance. Donc, paradoxalement, il est plus facile d’avoir des rendez-vous en urgence maintenant qu’il y a 2 mois.

Le message est clair : il ne faut pas différer sa venue à l’hôpital. Si vous avez un symptôme, consultez !

NE PAS CONFONDRE DÉPISTAGE ET DIAGNOSTIC

Pr Jean-Yves Blay : « Il est important de comprendre que le dépistage et le diagnostic ne s’adressent pas à la même population de patients.

Le dépistage concerne des personnes qui n’ont aucun symptôme. Qu’on le fasse 2 mois avant ou 2 mois après, cela n’a pas beaucoup d’incidences.

Le diagnostic concerne en revanche des personnes qui ont des symptômes. Ces diagnostics là ne doivent pas attendre. »

Propos recueillis par Emilie Groyer


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Emilie Groyer

Docteur en biologie, journaliste scientifique et rédactrice en chef du site web de Rose magazine

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