Le changement de pratique avait été évoqué en mai 2018 lors du lancement du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus (lire notre article : « Enfin un dépistage organisé pour le cancer du col de l’utérus »), la décision de la Haute Autorité de Santé vient de l’appuyer : le test HPV devrait dorénavant être proposé en première intention pour les femmes de plus de 30 ans.
La HAS recommande en effet de remplacer le dépistage actuel par frottis par la détection du papillomavirus, virus responsable de la grande majorité des cancers du col de l’utérus. « Comme l’examen cytologique, [le test HPV] est réalisé à partir d’un prélèvement cervico-utérin. Chez les femmes de plus de 30 ans, il s’avère nettement plus efficace pour réduire l’incidence du cancer du col de l’utérus » argumente la HAS. En pratique, le premier test HPV serait réalisé 3 ans après le dernier examen cytologique normal puis, tous les 5 ans si le résultat s’avère négatif.
Ce nouvel examen présente un autre avantage : il ne nécessite pas l’intervention d’un gynécologue. Il est donc envisagé d’envoyer des auto-tests, comme c’est actuellement le cas pour le cancer colorectal, aux femmes isolées qui ne bénéficient pas d’un suivi régulier.
Une formation nécessaire pour les gynécologues
Ce changement de pratique nécessitera un bon accompagnement des patientes et une formation des gynécologues à l’interprétation des résultats pour ne pas inquiéter inutilement. Comme l’a rappelé Jean-Luc Mergui, ancien président de la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale : « De nombreuses femmes peuvent avoir le virus mais peu ont des lésions. » L’HPV disparaît spontanément dans la majorité des cas. S’il est positif, le test HPV devra donc être complété par une cytologie qui, si elle s’avère positive, sera elle-même suivie d’une colposcopie.
Le frottis ne sera donc pas abandonné et reste la référence pour les femmes de moins 30 ans : « Les infections à HPV transitoires sont très fréquentes chez les femmes jeunes. Leur détection exposerait de fait à des traitements inappropriés, augmentant ainsi les risques de complications lors de grossesses ultérieures » explique la HAS.
Suite à ces recommandations, l’Union nationale des caisses d’assurance maladie a inscrit le test HPV sur la liste des actes remboursables. Cette décision prendra effet le 1er avril 2020.
Emilie Groyer
Mis à jour le 10 février 2020