Avez-vous remarqué comme vous vous sentez mieux en regardant un paysage ou en écoutant les oiseaux gazouiller ? Combien la sensation de bien-être s’accroît au cours d’une marche en montagne ou au bord de l’océan ? Ne serait-ce que d’avoir un pot de fleurs sur le rebord de sa fenêtre ou d’afficher un beau paysage sur son mur provoque un élan de pure sérénité. « Le simple fait d’avoir une vue sur la nature permet de réduire le stress postopératoire, de sortir plus rapidement et de subir moins de douleurs que les autres », assure l’essayiste Pascale d’Erm. Recharge énergétique efficace et rapide, la nature soigne et rend heureux. C’est ce qu’elle démontre dans Natura, le récit de vingt-cinq ans de recherche scientifique sur les effets positifs de la nature sur la santé. « Trois cent cinquante études prouvent que la proximité de la nature permet d’atténuer ou d’agir contre le stress, le diabète, l’hyperactivité des enfants, la dépression, les maladies coronariennes et cardiovasculaires », écrit-elle.
Mer, montagne, campagne, forêt… plus la nature est intense et sauvage, plus son pouvoir est important. Marcher d’un bon pas, à un rythme soutenu durant quinze minutes, influence déjà positivement les neurotransmetteurs de la régulation de l’humeur, augmente la production des hormones du bien-être et du bonheur, et réduit la perception de la douleur par la stimulation des opioïdes, proches de la morphine.
Les actifs que l’on trouve dans la nature, comme la lumière, ou les ions négatifs présents dans les forêts ou à proximité des cascades ou du littoral, sont souvent bien plus efficaces que certains médicaments. Particulièrement étudié depuis 2015 par le Pr Qing Li, médecin immunologiste, le bain de forêt ou shinrin yoku fait de plus en plus d’émules : « Il consiste à marcher dans les bois sans téléphone portable, à respirer calmement et à absorber l’atmosphère de la forêt par tous ses sens, à capter les phytoncides émis par les arbres. Ces molécules aromatiques boostent le système immunitaire naturel qui protège contre certains cancers en augmentant de 52 % les lymphocytes ou NK (natural killers) », explique Pascale Erm. Cela augmente aussi la quantité de sommeil (+15 % entre la première et la deuxième nuit), à condition de faire un séjour immersif de trois jours et deux nuits dans les bois, et de marcher deux kilomètres par demi-journée. Pas plus, pour ne pas fatiguer l’organisme. Tout cela vous donne envie de câliner un arbre ? On a ce qu’il vous faut…
En Haute-Savoie : S’émerveiller du pouvoir des fleurs
Petit matin au col de la Croix-Fry. L’été a déposé sur la vallée des Aravis un tapis vert tendre piqué de fleurs sauvages que festonne le noir des sapins. Sur la terrasse de l’hôtel de la Croix-Fry, vigie de bois tournée vers la montagne, on se laisserait volontiers bercer par le spectacle, la douceur de l’air, le délectable petit déjeuner (miel de montagne, confiture maison, jus frais), si Isabelle Loubet-Guelpa, qui veille aux destinées du lieu, ne nous attendait pas déjà, godillots enfilés et bâton de marcheur en main pour une incursion dans « sa » montagne.
Isabelle est la fille de Marie-Ange Guelpa-Veyrat, qui, durant cinquante ans, a transformé ce chalet d’alpage – où Mémé Karavi, après-guerre, régalait les randonneurs d’omelettes aux champignons – en bijou d’hôtel de charme classé quatre étoiles. Sans perdre sa patine familiale ni l’authenticité de ce pays. Et comment mieux découvrir les Aravis qu’au rythme tranquille du cueilleur ? C’est ce que propose Isabelle, accompagnée de Gérard, herboriste, le temps d’un week-end 100 % nature. Car, la jeune femme en est depuis longtemps persuadée, « nous avons autour de nous de quoi nous régaler, améliorer notre santé et nous embellir ». Notre quête débute donc en lisière de forêt ; un premier raidillon et déjà le paysage s’ouvre sur une clairière au vert spongieux. « Nous sommes sur une belle tourbière, s’enthousiasme Gérard. Le bonheur, c’est de se déchausser et de marcher pieds nus ! » Mais marcher en regardant bien où l’on met les pieds, car la tourbière, zone humide colonisée par la végétation, est un véritable conservatoire végétal à ciel ouvert. Au début, le néophyte ne discerne que la sphaigne* mousseuse, puis l’œil s’habitue aux cent nuances de vert et saisit, là, le jaune du millepertuis, ici, le pourpre de la valériane ou, ton sur ton, les bouquets d’alchémille, dont la rosée était, dit-on, nécessaire à la confection de la pierre philosophale. Nous avançons au rythme d’un demi-pas à la minute tant la tourbière regorge de richesses et Gérard, d’histoires à raconter : « Jadis, on accrochait du millepertuis, appelé herbe de la Saint-Jean, aux portes des maisons pour faire fuir les démons. Là, regardez, de la piloselle. Diurétique ! Quant à l’alchémille, la plante des alchimistes, elle ne transforme pas le plomb en or, mais soulage les règles douloureuses.
Au xviie siècle, des charlatans affirmaient qu’elle restaurait la virginité ! C’est toute la beauté de l’herboristerie : on navigue entre science et poésie. » Nous quittons la tourbière et attaquons une sente gansée des flammèches rougeoyantes de la pimprenelle. « Les feuilles sont délicieuses mélangées avec des pousses de salade, auxquelles elles apportent un côté acidulé. C’est encore meilleur si on trouve de l’oseille en pousses à ajouter ! Miam ! », pendant que Gérard se délecte déjà de sa future salade, Isabelle prélève au bord du chemin quelques sommités d’hélichryse (ou Immortelle), dentelles végétales à l’odeur envoûtante. Depuis longtemps persuadée des bienfaits naturels, elle se servira de notre butin végétal pour concevoir des onguents maison.
La matinée s’achève avec un déjeuner sur la terrasse de l’hôtel, où une salade mêlée aux herbes fraîches de la montagne nous est servie, apportant sa fraîcheur à une savoureuse tourte au reblochon. Ensuite, difficile de choisir entre le soufflé glacé au génépi et le parfait aux myrtilles… Mais, déjà, Isabelle nous entraîne dans le salon et installe sur une ancienne table de ferme un réchaud et de mystérieuses fioles. Elle m’interroge sur mes besoins. Sportive et sujette aux plaies et aux bosses, je lui dis qu’un remède naturel contre les blessures qui marquent la peau me serait bien utile. Nous partons donc sur un baume à l’Immortelle. Isabelle détaille : « Je prépare moi-même mes macéras huileux d’hélichryse : il faut cueillir les sommités des fleurs et avoir une bonne huile végétale bio. Je mets les pétales à macérer dans un bocal de verre ouvert couvert d’un linge, que je laisse dans une pièce bien aérée durant vingt-huit jours. Ensuite, je filtre cette huile, que je verse dans des bouteilles opaques. » Isabelle m’aide à fabriquer mon baume : au bain-marie, elle mélange de la cire d’abeille bio avec 100 ml de macéra à l’Immortelle. Le parfum de la fleur envahit vite le chalet. À l’heure du goûter, me voilà dotée d’un baume qui fleure bon la montagne, mais aussi de mille explications et conseils d’utilisation : ce n’est pas le moindre talent d’Isabelle que de se mettre au niveau des visiteurs (dans mon cas, en dessous de zéro !) pour expliquer à la fois les bienfaits des plantes et leur utilité. Dans la soirée, après une séance de méditation depuis le balcon de ma chambre, avec vue imprenable sur les Aravis, nous nous retrouverons pour réaliser des tisanes « sur mesure ». Un bol d’air pur.
* Sphaigne : mousse qui, en se décomposant, produit la tourbe.
PRATIQUE
Y aller : En TGV jusqu’à Annecy, puis environ 1 heure en voiture ou en bus.
Tarifs : Week-end aux chalets-hôtel de la Croix-Fry (4*). 2 nuits en demi-pension, une demi-journée de cueillette suivie d’un atelier préparation de baumes, d’huiles de massage et de tisanes. Accès à l’espace bien-être (sauna, hammam et jacuzzi).
Pour 2 pers. : 980 €.
Dates et contact :
Chalets-hôtel de la Croix-Fry
Pré Jean – 4910, route
du Col-de-la-Croix-Fry
74230 Manigod
Tél. : 04 50 44 90 16.
Site internet : hotelchaletcroixfry.com
Dans les landes : Faire chanter les arbres
Immersion en plein cœur de la plus grande forêt d’Europe pour un green trip ressourçant. C’est la promesse tenue par Claudia et son équipe. Au programme : séance individuelle d’aromathérapie et de sonothérapie, relaxation sonore (collective) ; yoga postural doux avec exercices respiratoires et relaxation ; méditation (assise ou en marchant en forêt ou au bord de l’océan) ; ateliers « Comment booster son système immunitaire après les traitements » et « Se reconnecter à soi-même et à la nature par la voix et le son » ; et un bain de forêt avec un arboriste « qui sait faire chanter les arbres ». En bonus : promenades et lectures à volonté dans un parc de deux hectares, délicieux repas élaborés par une nutrithérapeute avec des produits bio et de saison. Sans oublier la possibilité de découvrir la région le nez au vent, grâce aux merveilleuses pistes cyclables de la Vélodyssée, qui traverse les Landes sur plus de 160 km le long du littoral, entre Biscarrosse et Tarnos.
PRATIQUE
Y aller : à 3 h 30 de Paris en train, 1 h 30 de Bordeaux, 30 min de la gare de Dax. Aéroports : Biarritz, Pau, Bordeaux.
Tarifs : Stage « Se ressourcer après un cancer », 3 jours à partir de 480 € (réflexologie plantaire, soins esthétiques ou massage bien-être en option). Autres thématiques : « Lâcher-prise et confiance en soi », « Il fait chaud ou c’est moi ? Mieux comprendre et mieux vivre la (pré)ménopause », « Le lien entre les émotions et l’alimentation »…
Dates et contact :
Maisons Huraia
187, route de Monlon
40560 Vieille-Saint-Girons
Tél. : 06 15 29 39 06
Site internet : les-maisons-huraia.com
Dans l’Aisne : Goûter à la vie sauvage
Le temps d’un week-end, près de Soissons, partez à la découverte du cueilleur sauvage qui sommeille en vous ! Vous serez accompagnée de l’ethnobotaniste François Couplan, créateur de la « survie douce ». Sens en éveil, un cahier et un stylo suffisent pour « rencontrer les êtres vivants que sont les plantes », explique ce passionné, auteur de Ce que les plantes ont à nous dire (éd. Les Liens qui libèrent). Il vous contera l’histoire de chacune d’entre elles depuis l’Antiquité, pendant que vous réaliserez un herbier. De l’achillée millefeuille à l’effluve de miel, du plantain au goût de champignon et à la stellaire moyenne (sa salade préférée), vous apprendrez à observer, et à cueillir sans dommage les pousses les plus jeunes et les plus tendres. Des plantes savoureuses et concentrées en protéines, que vous cuisinerez de retour au gîte, sous la houlette de Keiko, cheffe formée au Japon. Quiche d’égopode, flan d’aspérule odorante…
Ses plats sont aussi nourrissants que délicieux.
PRATIQUE
Y aller : Nampteuil-sous-Muret près de Soissons, à 1 h 30 en voiture ou 1 heure en train de Paris.
Tarifs : Week-end de 2 jours et 1 nuit : 350 € (hébergement et nourriture compris)
Dates et contact :
François Couplan
78, chemin des
Broussatières
69126 Brindas
Tél. : 06.17.78.25.47
Site internet : couplan.com
Dans le Puy-de-Dôme : Déstresser sous la canopée
Hors des sentiers battus, voici une minicure oxygénante au pays des volcans, aux thermes du Mont-Dore, une merveille d’architecture néobyzantine, avec ses fresques polychromes et sa charpente à la Gustave Eiffel. Dans ses vastes salles aux plafonds peints, les traditionnels bains thermaux se font aux résineux, les modelages relaxants à l’huile essentielle de sapin, et l’argile chaude utilisée pour les cataplasmes est maturée aux plantes.
De merveilleuses essences à respirer également au cœur de la forêt du Capucin, en suivant le premier sentier sylvatique de France vers le Sylvatorium. Au cœur d’une nature intacte, cinq spas forestiers (grandes baignoires en bois dans lesquelles on peut s’asseoir ou s’allonger pour profiter des essences), des belvédères et des espaces de détente permettent d’exposer de manière prolongée le corps à tous les stimuli sensoriels offerts par la nature : l’ouïe (chant des oiseaux), l’odorat (résine des bois, floraison), le toucher (troncs d’arbre), le goût (noix, baies). Pour diminuer le stress et l’anxiété, chasser les pensées négatives, entretenir sa forme physique, réduire la fréquence cardiaque et respiratoire, marche méditative, sylvothérapie et tai-chi en forêt complètent ce programme inédit. Et pour être « plus zen que zen », sophrologie antistress et réflexologie plantaire sont aussi prévues.
PRATIQUE
Y aller : A71 (depuis Paris), A89 (depuis Lyon). Gares du Mont-Dore et de Clermont-Ferrand, aéroport de Clermont-Ferrand à 50 km.
Tarifs : 6 jours de soins, 36 soins : 395 € (hors hébergement)
Dates et contact :
Thermes du Mont-Dore
1, place du Panthéon
63240 Mont-Dore
Tél. : 04 73 65 05 10
Site internet : chainethermale.fr
Céline Lis-Raoux et Céline Dufranc