Quelle est l’évolution classique d’une cicatrice ?
Dans les 2 à 3 semaines qui suivent une intervention, les points et les croûtes tombent. Deux à 3 mois après, il peut survenir un pic inflammatoire : la cicatrice va alors se mettre à rougir. Il n’y a pas lieux de s’inquiéter : c’est normal. Après un an, la cicatrice est dite mâture. C’est à ce moment-là qu’elle pourra être « retouchée » de manière chirurgicale, si besoin.
Comment la kinésithérapie peut aider à atténuer les cicatrices ?
En « travaillant » la cicatrice, on va stimuler la microvascularisation des tissus et redynamiser le drainage lymphatique. La cicatrice va devenir plus souple, plus fine, et par conséquent, moins gêner les mouvements.
Quand peut-on commencer les massages ?
Il est possible de commencer les massages juste après l’intervention mais on va éviter de masser la cicatrice elle-même. On va plutôt se placer à distance et mobiliser les tissus tout autour. Cela permet de travailler la cicatrice de manière indirecte.
Pour masser directement la cicatrice, il faudra attendre que les points et les croûtes soient tombés. Donc, en moyenne, 2 à 3 semaines après l’intervention. Mais une cicatrice peut être massée à vie même si, plus on attend, plus les résultats seront longs à obtenir.
Comment masser la cicatrice ?
Cela dépend du type de cicatrice. Voici comment les reconnaître et les masser :
Cicatrice chéloïde : elle est volumineuse et déborde du trait de l’incision chirurgicale. Il s’agit d’un excès de cicatrisation. Malheureusement, la kinésithérapie ne peut rien y faire, il faudra recourir à la chirurgie pour faire une exérèse de la « surcicatrisation ». Des injections de corticoïdes ou du laser peuvent aussi être efficaces.
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Cicatrice hypertrophique : elle est également en relief, souvent rouge mais, contrairement à la cicatrice chéloïde, elle suit le trait de l’incision. Si 2 à 3 semaines après l’opération, votre cicatrice devient de plus en plus rouge, de plus en plus douloureuse et qu’elle prend du relief, il s’agit probablement d’une cicatrice hypertrophique.
Elle régressera spontanément avec le temps mais cela peut être long – 18 mois en moyenne – et douloureux. Pour accélérer ce processus, on peut faire des exercices d’étirements : on place tous ses doigts le long de la cicatrice et on comprime légèrement en étirant. La cicatrice va blanchir. C’est normal : ce massage va arrêter la vascularisation de la cicatrice et, du même coup, l’inflammation qui provoque le rougissement et la douleur. On répétera le mouvement 8 fois pendant 20 secondes tous les jours.
Pour atténuer ce type de cicatrice, le médecin peut vous prescrire des pansements compressifs en complément du massage. On peut aussi appliquer une crème épidermisante type Cicalfate.
Cicatrice adhérente : elle est invaginée, forme un creux au niveau de la peau. Elle est difficile à saisir parce que, lorsqu’on essaie, elle se creuse encore plus. Alors pour la masser, on va se placer à distance et décoller les tissus tout autour en les pinçant. Et, petit à petit, on va se rapprocher de la cicatrice.
Cicatrice fibrosée : elle peut être fine mais quand on essaie de la saisir, on ne parvient pas à attraper uniquement le pli de peau que forme cicatrice : elle fait un effet bloc. Pour la masser, on va venir « pétrir » la peau, si possible à 2 mains, pour assouplir les tissus autour de la cicatrice.
Cicatrice rétractile : elle donne un effet plissé à la peau. Elle se situe souvent dans le creux axillaire mais pas que. Il est possible de l’atténuer par chirurgie mais avant d’en arriver là, on peut exercer des « étirements mobiles ». L’idée du massage est de « déplier » la peau en plaçant ces mains à chaque extrémité de la cicatrice et en étirant tout en secouant légèrement la peau.
À quelle fréquence et combien de temps doit-on masser la cicatrice ?
Idéalement, il faut masser la cicatrice tous les jours pendant 5 minutes. Il est préférable de travailler une cicatrice quotidiennement pendant quelques minutes plutôt que 20 minutes une fois par semaine.
Doit-on utiliser des crèmes et des huiles ?
Il est préférable de ne pas en utiliser lorsqu’on mobilise une cicatrice : on aura une moins bonne prise sur la peau, nos doigts risquent de glisser dessus.
Les crèmes et les huiles végétales peuvent en revanche être utilisées en complément. De l’opération à la chute des croûtes, on utilisera des crèmes/huiles cicatrisantes. Ensuite, et pendant 1 an, on appliquera des crèmes/huiles épidermisantes, comme Cicalfate d’Avène. En complément, on peut utiliser des crèmes/huiles hydratantes, comme Lipikar de La Roche-Posay.
Pour les huiles végétales, je recommande toujours des huiles vierges pressées à froid car ce procédé conserve leurs propriétés. Si vous souhaitez les mélanger à des huiles essentielles, attention ! Elles peuvent être allergisantes, photosensibilisantes… Certaines sont aussi déconseillées si vous êtes atteinte d’un cancer hormonodépendant. C’est le cas notamment du Niaouli, du cyprès, de la sauge sacrée et de l’Acore Vrai (Acorus calamus).
Peut-on se munir d’“outils” pour se masser ?
Je déconseille vivement l’emploi de ventouses ou des pompes anti-venin : elles peuvent créer des hématomes et risquent d’abimer la peau si elles sont mal employées.
Les kinésithérapeutes peuvent avoir recours à la mécanothérapie en cas par exemple de cicatrice adhérente récalcitrante mais dans tous les cas, ce ne sera au minimum 1 mois après l’opération.
Peut-on masser toutes les cicatrices, quel que soit leur emplacement ?
Oui, tout à fait. On peut masser toutes les parties du corps, même les plus intimes : aréoles, anus, vulve… Si on est sous radiothérapie, on évitera cependant de toucher aux cicatrices qui se situent dans une zone irradiée : on risque en effet de déplacer les repères de radiothérapie.
Que faire si la cicatrice est douloureuse ?
Le froid est un très bon analgésique. Vous pouvez donc appliquer des glaçons, entourés d’un tissu, sur votre cicatrice. Je le recommande notamment pour les cicatrices des aréoles mammaires.
INFO +
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Propos recueillis par Emilie Groyer