« 3890 euros pour financer la cure ayurvédique de Lalia », « 2500 euros pour un test génétique non remboursé pour Sandrine », voici quelques exemples de collectes que présente sous la rubrique « cancer » le site en ligne « La cagnotte des proches ».
A l’origine de cette plateforme de don solidaire, une ancienne infirmière qui a décidé de « servir le patient avec les outils de son siècle ». Car, la fragilité sociale liée à la maladie, Anne-Sophie Roturier la connaît bien. Sœur d’une personne handicapée, elle a vécu et mesure la solitude et l’épuisement des familles. Confrontée à la mort de sa mère décédée d’un cancer en 2006, elle décide de changer de vie et déménage avec son mari aux États-Unis.
Financer une immunothérapie, une opération, un fauteuil roulant…
C’est là qu’elle découvre, en 2010, les plateformes de dons en ligne dédiées à la santé. Contrairement à la France, les Américains doivent financer leurs traitements médicaux et, pour ceux qui n’ont pas d’assurance, trouver les ressources pour payer une chimio reste une gageure ; beaucoup font appel à la solidarité familiale et amicale pour financer qui, une opération, qui, une immunothérapie, qui, un fauteuil roulant…
En France, les traitements sont pris en charge mais, en revanche, les soins de support ne le sont quasi pas. Et c’est là qu’un système tel que la Cagnotte des proches prend tout son sens. Mais qui donne ? Majoritairement des amis et la famille, comme l’explique la fondatrice : « Les premiers donateurs, ce qu’on appelle le « premier cercle », ce sont les amis proches, la famille. Puis le « deuxième cercle », les amis de vos proches qui entendent parler de la cagnotte durant une discussion à la machine à café, un repas. Parfois, apparaît aussi un troisième cercle, des donateurs anonymes – mais c’est rare et souvent à destination des associations, en fin d’année, pour bénéficier de défiscalisation. Mais globalement on est sur du micro-don ».
Cagnotte « publique » ou « privée » – réservée à sa communauté en ligne
Le manque de réflexe philanthropique dans notre pays (contrairement aux pays anglo-saxons où la philanthropie est une donnée sociale importante) rend assez incertaine la conclusion de bien des cagnottes. C’est pour cela qu’Anne-Sophie Roturier « téléphone à chaque créateur de cagnotte pour voir si le projet est viable ou non ». Selon la « sensibilité » des demandes, les candidats à la cagnotte peuvent choisir de la laisser privée (et ne l’envoie donc qu’à leurs amis) ou de la poster sur l’espace public du site où parfois peuvent se manifester des anonymes touchés par telle ou telle histoire…
Céline Lis-Raoux