Les bouffées de chaleur, c’est une des plaies de la ménopause. Et ces bouffées de chaleur, tout comme la sécheresse et l’atrophie vaginales (lire notre article « Sexe après un cancer : à quand le remboursement des médicaments ? »), sont bien plus intenses quand la ménopause est provoquée par l’hormonothérapie ou la chimiothérapie que lors d’une ménopause naturelle. On vous a déjà parlé des réponses possibles (acupuncture, yoga, sophrologie, hypnose…) mais une solution médicamenteuse efficace, autre que les anti-dépresseurs, se profile enfin. Lors du congrès du cancer du sein de San Antonio, des oncologues ont montré qu’un médicament habituellement prescrit pour soigner l’incontinence urinaire est aussi capable de minimiser les bouffées de chaleur.
Une équipe de la Mayo Clinic (Rochester, Minnesota) a mené une étude durant six semaines et a prouvé que l’oxybutynine, un antispasmodique urinaire, réduit notoirement la fréquence des bouffées de chaleur.
Le médicament a été testé à deux doses différentes sur 100 femmes (50 pour chacune des doses) souffrant de bouffées sévères – au moins 28 épisodes par semaine, depuis au moins un mois – et invalidantes dans la vie quotidienne. Plus de la moitié de ces femmes étaient sous hormonothérapie, tamoxifène ou anti-aromatases.
Résultat : pour la dose la plus élevée, la fréquence des bouffées de chaleur est réduite jusqu’à 80%. Les femmes rapportent également une amélioration de leur qualité de vie : dans le travail, les activités sociales, les loisirs, le sommeil…
Selon Roberto Leon-Ferre, l’un des chercheurs qui a conduit l’étude, les effets secondaires restent modérés, cependant certaines femmes se sont plaintes de constipation, difficulté à uriner et bouche sèche.
En France, les gynécologues ont reçu cette information avec un intérêt modéré : « Cela peut être une option supplémentaire intéressante qui peut convenir à certains profils de patientes. Plus on a de cordes à notre arc, mieux c’est. Il faut toutefois que cette étude soit confirmée par d’autres, incluant plus de patients et plus longues, notamment pour mieux connaître les effets secondaires », explique le Pr Chabbert-Buffet, gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Tenon.
Emilie Groyer