CE QU’IL FAUT RETENIR :
L’ajout d’un anticorps anti-CD38 au traitement actuel (triplet comprenant un corticoïde, un inhibiteur du protéasome et un immunomodulateur) permet d’améliorer le taux et la durée de réponse au traitement.
Cette année, à l’ASCO, de nombreuses annonces ont été faites dans le myélome multiple …
Pr Steven Le Gouill : En effet. Les résultats de 7 études ont été présentés, dont 5 par des équipes françaises. Cela témoigne de la qualité de la recherche française dans ce domaine et de sa reconnaissance à l’international. Il y a une véritable “école” française du myélome dont la relève est assurée.
Pouvez-vous nous rappeler brièvement comment le myélome est pris en charge ?
Historiquement, le myélome se traitait uniquement par chimiothérapie. Il y avait d’abord des cycles de chimiothérapie dite d’induction, qui combinaient plusieurs molécules. Puis, les patients éligibles à un traitement intensif étaient traités par autogreffe de cellules souches hématopoïétiques qui comprend une dose forte de chimiothérapie administrée sur un temps court. Puis, progressivement, avec les progrès thérapeutiques, sont apparus des traitements en post-autogreffe, dit de consolidation, ainsi que des traitements de maintenance permettant de contrôler plus longtemps de la maladie.
Ce n’est plus le cas actuellement ?
Depuis une vingtaine d’années, de nouvelles molécules ont progressivement remplacé les chimiothérapies d’induction, de consolidation et de maintenance (les patients éligibles à l’autogreffe reçoivent toujours une courte chimiothérapie intensive, ndlr). Aujourd’hui, on utilise une combinaison de 3 classes thérapeutiques : un corticoïde, la dexaméthasone ; un inhibiteur du protéasome, comme le Velcade (bortézomib, ndlr) ; et un immunomodulateur, comme le Revlimid (lénalidomide, ndlr).
Suite aux résultats présentés à l’ASCO, une nouvelle classe de médicament va s’ajouter à ce “triplet”…
Il s’agit d’anticorps dirigés contre une protéine exprimée à la surface des cellules tumorales : le CD38. Dans les essais cliniques IMROZ, présenté par le Pr Facon de Lille, et BENEFIT, présenté par le Pr Leleu de Poitiers, l’efficacité de l’isatuximab, un anti-CD38, a été testé chez des patients non éligibles à l’autogreffe.
Ils ont démontré qu’en ajoutant cet anticorps au triplet actuel, en induction et en maintenance, davantage de patients sont en rémission et plus longtemps.
Un autre anti-CD38, le daratumumab, avait déjà montré un bénéfice chez les patients ayant reçu une autogreffe quand il était utilisé en induction, en consolidation et en maintenance.
L’ensemble de ces résultats fait que l’ajout d’un anti-CD38 au triplet devient progressivement le nouveau standard de traitement. Le quadruplet supplante le triplet.