Une lotion contre la chute des cheveux
La perte des cheveux est une étape traumatisante pour les malades touchés par un cancer. Les médecins n’avaient jusqu’à présent qu’une seule solution à leur offrir : le casque réfrigérant. « Dans les études cliniques, les résultats sont très impressionnants : on atteint jusqu’à 80% de prévention de la chute. Mais dans la vraie vie, c’est un protocole difficile à mettre en place : certaines patientes ne le supporte pas car le froid leur fait mal, c’est aussi compliqué d’un point de vue organisationnel dans les hôpitaux parce qu’il n’y a souvent pas assez de casques, qu’ils ont souvent eu le temps de se réchauffer le temps que l’infirmière les apporte aux patients… »
Une équipe du Memorial Sloan Kettering Cancer Center de New-York propose une solution beaucoup moins contraignante : une lotion à appliquer directement sur les cheveux. « Il s’agit d’une formulation liquide à base de calcitriol, un inhibiteur de la division cellulaire, explique le Dr Rangaprasad Sarangarajan, co-auteur de l’étude. En empêchant les follicules pileux de se multiplier, le calcitriol va rendre les cheveux beaucoup moins sensibles à la chimiothérapie puisque celle-ci tue préférentiellement les cellules qui se divisent rapidement. »
La lotion n’a été testée pour le moment que sur un petit nombre de patientes touchées par un cancer du sein, de l’ovaire ou de l’endomètre et traitées par une chimiothérapie à base de taxane (paclitaxel, docétaxel). L’étude visait principalement à déterminer son innocuité mais les résultats préliminaires sont prometteurs : si l’alopécie n’est pas stoppée, elle est fortement réduite.
Pour être efficace, la solution doit être appliquée en préventif, au moins 5 jours avant le début de la chimiothérapie et tout au long du traitement. « La lotion empêche la perte de cheveux. Si on l’applique alors que la patiente a déjà perdu ses cheveux, cela stoppera le processus au stade où il en est mais ça ne fera pas repousser ses cheveux » précise le Dr Scotté.
Cette étude doit encore être validée dans un essai comparatif sur un plus grand nombre de patients. Il faudra également déterminer si la lotion réduit les alopécies induites par d’autres chimiothérapies. Il sera aussi intéressant de savoir si elle est efficace sur les pertes de cheveux provoquées par certaines thérapies ciblées pour lesquelles il n’existe aucune solution : ces traitements étant pris quotidiennement, la port du casque réfrigérant est en effet inenvisageable.
Les espoirs sont toutefois bien réels. Le Dr Scotté a d’ailleurs demandé que l’hôpital Foch participe à l’étude.
Un nouveau médicament contre les nausées qui devrait faire son entrée dans les référentiels
Les nausées et les vomissement sont les principaux effets indésirables des chimiothérapies, notamment celles à base de cisplatine. Actuellement, les patients se voient proposer un cocktail de 3 molécules : l’aprepitant, le palonosetron et le dexamethasone. Si cette combinaison est efficace dans les 24 heures après la séance de chimiothérapie, son effet est moindre dans les jours qui suivent.
Une équipe japonaise vient de montrer que l’ajout d’une 4ème molécule, l’olanzapine, permet de réduire considérablement l’effet émétique de la chimiothérapie : « On observe une absence totale de nausées et de vomissements dans 95% des cas en phase aiguë, soit 24 heures après la chimiothérapie, et de 80% en phase retardée, c’est-à-dire entre 1 et 5 jours après la chimiothérapie » détaille le Dr Scotté.
Aux Etats-Unis, les 4 molécules sont d’ores et déjà entrées dans les recommandations de pratique. Les résultats spectaculaires de cette étude devraient également faire évoluer les référentiels européens. « Moi, demain, quand je rentre à Paris, je donnerai à mes patients sous cisplatine les 4 molécules systématiquement » reconnaît sans détour le Dr Scotté.
Une application mobile pour mieux gérer la douleur
La « eHealth » fait sa grande entrée cette année dans les soins de support. Avec plus ou moins de succès.
L’équipe du Dr Jennifer Temel a montré qu’il était possible de réduire les douleurs liées aux cancers métastatiques grâce à une application mobile. ePAL – c’est son nom – envoie régulièrement des notifications aux malades les invitant à indiquer leur niveau de douleur. Grâce à l’intelligence artificielle, l’application adapte sa réponse : si la douleur renseignée est modérée, ePAL enverra un tutoriel pour aider le patient à gérer lui-même ses maux ; si la douleur est sévère, ePAL mettra directement le malade en relation avec un professionnel de santé.
Dans le domaine de l’observance thérapeutique, le smartphone n’a en revanche pas encore trouvé sa place. Ainsi, l’envoi bi-hebdomadaire de sms à des femmes sous hormonothérapie par anti-aromatases ne suffit pas à les convaincre de poursuivre leur traitement.
Le nombre important d’études sur les soins de support présentés lors de ce dernier congrès de l’ASCO montre que les pratiques commencent à changer comme le constate avec joie le Dr Scotté : « En janvier, la commission du Lancet Oncology [prestigieuse revue de cancérologie, NDLR] recommandait d’arrêter de distinguer traitement curatif, traitement paliatif et soin de support pour commencer à pratiquer une oncologie intégrative où les experts des différents modes de prise en charge travailleraient de concert afin d’anticiper au mieux les effets indésirables. » Espérons que ces préconisations deviennent des références dans les soins.
Emilie Groyer