« Les cancers gastriques touchent souvent des personnes âgées ou fragiles qui supportent mal la chimiothérapie. Nous avions désespérément besoin d’un nouveau traitement » explique le Dr Richard L. Schilsky, médecin en chef de l’ASCO. Ce nouveau traitement pourrait bien être l’immunothérapie d’après les résultats de l’étude KEYNOTE-062 présentés ce matin au congrès de cancérologie.
Cet essai de phase III s’est focalisé sur les cancers de l’estomac et les adénocarcinomes de la jonction œsogastrique (zone où se rencontrent l’œsophage et l’estomac). Il a inclus 763 patients présentant une tumeur n’exprimant pas le récepteur HER2, un marqueur associé à des risques accrus de récidive. Les malades ont été répartis aléatoirement dans 3 groupes : le premier a reçu une immunothérapie (du pembrolizumab, un anticorps anti-PD1), le deuxième a été traité avec une combinaison d’immunothérapie et de chimiothérapie, et le troisième, uniquement avec de la chimiothérapie (traitement standard de référence).
Deux ans après le traitement, 39% des patients ayant reçu le pembrolizumab seul étaient encore en vie contre 22% des patients traités par chimiothérapie seule. Les résultats n’ont en revanche pas montré de bénéfice du pembrolizumab sur la survie globale, par rapport à la chimiothérapie seule, lorsque celui-ci était administré en combinaison avec la chimiothérapie. « Nous ne comprenons encore pas pourquoi. On peut supposer que la stimulation du système immunitaire par le pembrolizumab est contrecarrée par l’effet toxique de la chimiothérapie. Mais cela reste à démontrer » explique Richard L. Schilsky.
Autre résultat encourageant : l’immunothérapie a généré moins d’effets secondaires que la chimiothérapie. Seulement 17% des patients traités par le pembrolizumab ont développé des toxicités sévères alors qu’elles ont touché 73% des malades sous chimiothérapie seule ou en combinaison avec le pembrolizumab.
L’immunothérapie par anti-PD1 semble donc être une alternative avantageuse à la chimiothérapie comme traitement de première ligne, tant du point de vue de la survie globale que sur la tolérance au traitement. Un espoir pour les presque 7 000 personnes touchées chaque année en France par ces cancers souvent de mauvais pronostic en raison de leur diagnostic tardif.