Le cancer du pancréas touche plus de 10 000 personnes par an en France et deviendra à l’horizon 2030 la deuxième cause de décès par cancers. Si la chirurgie est le traitement de référence, 80% des malades rechuteront après avoir été opérés. Un traitement préalable par chimiothérapie pourrait réduire ce chiffre alarmant. C’est ce que montre l’étude Panache01-Prodige48, présentée cette année au congrès international d’oncologie de l’ASCO, que nous commente le Dr Vaflard, oncologue médicale à l’Institut Curie.
Pouvez-vous nous présenter l’étude Panache-Prodige 48 ?
Dr Pauline Vaflard : Il s’agit d’une étude française de phase II qui cherchait à démontrer l’intérêt d’une chimiothérapie néoadjuvante, c’est-à-dire, réalisée avant la chirurgie, dans le cancer du pancréas. Elle a inclus 153 patients avec une tumeur opérable.
Qu’a-t-elle montré ?
Les résultats ont montré que traiter les patients avec du Folfirinox avant de les opérer permet d’obtenir un taux de résection complète de 61% (53% en cas de chirurgie directe). En d’autres termes, il semblerait qu’on peut retirer l’intégralité de la tumeur chez davantage de malades. Le taux de survie à 1 an était de 84%, contre 80% chez les patients traités d’emblée par chirurgie, ce qui montre que la chimiothérapie néoadjuvante n’est pas délétère.
Dans d’autres cancers comme le cancer du sein, les traitements néoadjuvants sont utilisés en routine. Pourquoi n’est-ce pas le cas dans le cancer du pancréas ?
La chirurgie du pancréas est une opération complexe et difficile à tolérer par les patients car elle a un impact non négligeable sur leur qualité de vie. En administrant une chimiothérapie en amont de cette chirurgie, on pouvait penser qu’on prenait un risque que le patient soit trop diminué par les effets secondaires de la chimiothérapie pour être opéré. Cette étude montre que ce n’est pas le cas.
Est-ce que ces résultats vont changer la prise en charge des patients ?
La chirurgie d’emblée reste le traitement standard. Ces résultats nous indiquent juste qu’administrer une chimiothérapie en attendant la chirurgie est faisable et ne fait pas perdre de chances aux patients. Il faudra attendre d’autres études pour valider la place de la chimiothérapie néoadjuvante dans la prise en charge des patients atteints d’un cancer du pancréas.
Propos recueillis par Emilie Groyer