Le cancer du pancréas deviendra en 2030 la deuxième cause de mortalité par cancers en Europe. Dans cette pathologie particulièrement agressive qui altère profondément le quotidien des malades, l’amélioration de la qualité de vie des patients devient donc un enjeu majeur. L’activité physique adaptée pourrait bien apporter une solution. C’est que montre l’étude APACaP que nous commente le Dr Vaflard, oncologue médicale à l’Institut Curie.
Pouvez-vous nous présenter l’étude APACaP ?
Dr Pauline Vaflard : Il s’agit d’une étude française dirigée par le Dr Cindy Neuzillet de l’Institut Curie et le Pr Pascal Hammel de l’hôpital Paul-Brousse. On savait que l’activité physique adaptée apporte de nombreux bénéfices aux patients suivis pour un cancer ou qui ont été suivis pour un cancer, notamment en termes de qualité de vie. Elle permet de réduire les effets secondaires des traitements, améliore la condition physique des patients… Dans le cancer du sein, il a même été démontré qu’elle réduit le risque de rechute d’environ 30%.
Mais cela n’avait pas encore été formellement démontré spécifiquement pour le cancer du pancréas. C’était le but de l’étude APACaP, APA étant l’acronyme d’activité physique adaptée. Pour cela, 154 patients atteints d’un cancer avancé du pancréas ont été pris en charge après leur traitement par chimiothérapie soit avec un suivi classique, soit avec de l’APA.
En quoi consistait le programme d’activité physique adaptée ?
Pendant 16 semaines, les patients participaient à des séances hebdomadaires supervisées en visio par des professionnels de l’APA. En parallèle, ils devaient également réaliser des exercices avec une personne capable de les assister : un membre de leur famille ou un ami, par exemple. Deux types d’exercices étaient effectués : un exercice d’endurance comme de la marche ou du vélo, ou un exercice de renforcement musculaire avec des élastiques.
Les patients suivaient ce programme depuis leur domicile ce qui est particulièrement adapté au profil des patients atteints d’un cancer du pancréas dont l’état de santé est souvent altéré et incompatible avec des déplacements répétés.
Quels ont été les résultats ?
L’étude a montré deux choses. D’une part, que ce programme était facile à mettre en place et qu’il ne faisait prendre aucun risque aux patients. D’autre part, il a montré que l’APA améliore la qualité de vie des patients dans plusieurs dimensions : elle améliore les douleurs, l’insomnie, la perte d’appétit et la constipation. Or, on sait que ces facteurs ont un impact majeur sur la qualité de vie des patients, ce qui permet d’éviter d’avoir à diminuer les doses de chimiothérapie.
L’étude a aussi montré que le taux de réponse au traitement et le taux de survie avaient tendance à être améliorés, mais cela demande encore à être confirmé.
L’activité physique adaptée est donc fortement recommandée…
Ces résultats renforcent en effet le niveau de preuve en faveur de l’APA. À une époque où les traitements coutent de plus en plus chers, avoir une solution facile à mettre en œuvre, accessible, faisable par tous et qui donne de si bons résultats, c’est remarquable. On devrait proposer ce programme à tous nos patients.
Propos recueillis par Emilie Groyer