On connaît l’intérêt de l’immunothérapie dans le cancer du poumon. Qu’est-ce que les annonces faites à l’ASCO cette année nous apprennent ?
L’étude Pacific a confirmé l’intérêt du durvalumab, un anti-PDL1. On savait déjà que dans les cancers du poumon inopérables, administrer cette immunothérapie après de la chimiothérapie ou de la radiothérapie permettait d’améliorer la survie des patients. Les résultats présentés à l’ASCO cette année montrent que son effet se maintient à 5 ans avec une nette amélioration de la survie globale. Dans le groupe traité par le durvalumab, 43% des patients étaient toujours en vie à 5 ans. Ce taux était de 33,4% dans le groupe contrôle qui a reçu le traitement standard.
D’autres immunothérapies ont-elles été présentées ?
Oui, il y a eu l’étude IMpower10. Cette fois, on a regardé l’intérêt d’une autre immunothérapie, l’atezolizumab, dans des cancers opérables, après une chimiothérapie adjuvante (réalisée après une chirurgie, NDLR). Les résultats ont montré que plus de la moitié des patients dont la tumeur exprime le marqueur PDL1 – ce qui est le cas pour la majorité des patients – et qui ont reçu de l’atezolizumab n’avaient pas rechuté au moment de l’analyse des résultats, c’est-à-dire 33 mois après.
Comme pour Pacific, cette étude montre que si la tumeur est PDL1+, l’immunothérapie adjuvante apporte un bénéfice important. Pour l’atezolizumab, il faut encore attendre les résultats de survie globale mais c’est déjà prometteur.
Peut-on s’attendre à ce que l’immunothérapie remplace la chimiothérapie adjuvante dans le cancer du poumon ?
Non. On peut s’attendre à ce que l’immunothérapie adjuvante entre dans les référentiels, mais après une chimiothérapie adjuvante. L’immunothérapie ne remplacera pas la chimiothérapie.
Il y a également eu des annonces sur des thérapies ciblées. À quelle problématique répondent ces traitements ?
Les thérapies ciblées sont utilisées en condition métastatique. Quand un patient rechute, on va rechercher des mutations responsables. Les thérapies ciblées vont permettre de les « bloquer ».
Actuellement, on recherche systématiquement certaines mutations du gène codant le récepteur EGFR, qui sont majoritaires. Si on les trouve, on dispose de l’osimertinib pour les cibler. Mais quand la tumeur échappe à ce traitement, la seule option dont nous disposons c’est la chimiothérapie.
Et les présentations faites à l’ASCO montrent qu’on pourrait avoir recours à d’autres thérapies ciblées quand ce traitement échoue…
Oui. D’autres mécanismes d’échappement ont été décrits, impliquant d’autres mutations. On a donc potentiellement d’autres cibles. À l’avenir, on disposera de nouveaux inhibiteurs après un échec de l’osimertinib. Cela va permettre de retarder le recours à la chimiothérapie. Reste à savoir s’il sera nécessaire de faire de nouvelles biopsies pour trouver ces nouvelles mutations ou si les nouvelles thérapies ciblées seront suffisamment larges pour bénéficier à la plupart des patients.
Propos recueillis par Emilie Groyer