Les encres
Les encres employées ne sont pas tout à fait, car les agents ajoutés pour stabiliser les pigments (d’origine minérale ou organique) sont différents. Ceux qui sont employés dans les encres pour tatouage sont plus efficaces. En dermopigmentation, les encres – ou plutôt les « produits colorants » – sont « biorésorbables », c’est-à-dire que l’organisme les élimine au fur et à mesure. Tous les produits doivent en revanche répondre aux mêmes exigences d’innocuité, dictées par la norme européenne Résolution ResAP (2008) et l’article L. 513-10 du code de la santé publique, qui définissent notamment les substances interdites.
Ceux qui sont utilisés pour la dermopigmentation, à l’hôpital et, plus rarement, en institut de beauté, répondent toutefois à des normes plus strictes : ils sont présentés en doses à usage unique et stériles.
La tenue dans le temps
Le tatouage est définitif, même s’il s’éclaircit après la phase de cicatrisation (environ un mois). La dermopigmentation est semi-permanente : elle ne s’effacera jamais totalement, mais les couleurs risquent de s’estomper, voire de virer.
La stabilité des encres dépend d’une part de leur qualité – certains pigments minéraux ont par exemple tendance à devenir orangés avec le temps – mais aussi de votre peau. Le dessin peut donc se maintenir quelques mois ou quelques années, mais il est impossible d’en prévoir l’évolution. Pour pallier ce problème, il est possible d’effectuer des retouches. Toutefois, les femmes ayant opté pour cette technique y reviennent rarement, ce que nous confirment les chirurgiens, infirmières et esthéticiennes que nous avons interrogés. Leurs raisons en sont diverses : une certaine affection pour le dessin, même s’il s’atténue, le refus de repasser « sous l’aiguille » ou tout simplement le manque de moyens.
Qui pratique
Le tatouage d’aréole mammaire par dermopigmentation peut être réalisé à l’hôpital. Ce sont des chirurgiens plasticiens ou des infirmières formées et supervisées par ces chirurgiens qui le pratiquent. Il peut aussi être exécuté par des esthéticiennes en institut. Le tatouage définitif est, quant à lui, uniquement pratiqué par des tatoueurs. À ce jour, aucun diplôme n’atteste de la compétence d’une esthéticienne ou d’un tatoueur dans ce domaine.
Il existe des formations de quelques jours pour se familiariser aux différents pigments, s’entraîner à dessiner l’aréole et à la tatouer, sur une peau en latex ou sur un modèle. Mais ces formations ne sont validées que par une attestation de présence. Or, reconstruire une aréole mammaire par dermopigmentation ou tatouage nécessite des compétences impossibles à acquérir en si peu de temps : il faut avoir une bonne connaissance de l’évolution des pigments dans le temps, savoir reconnaître une peau encore cicatricielle, qui ne devra pas être tatouée, adapter le geste aux peaux fragilisées par les interventions…
Et, bien évidemment, il y a la dimension artistique : pour obtenir un réel effet de trompe-l’œil, il est nécessaire de maîtriser les tracés, les techniques d’ombre et lumière…
À qui faire confiance
Avant tout, faites confiance au bouche-à-oreille. Et si personne ne peut vous conseiller, demandez à voir des photos avant/après avant de vous lancer. Autre point important : vous devez vous sentir écoutée et accompagnée. Le dessin de l’aréole se fait à deux. Le professionnel doit vous demander votre avis sur son positionnement, le choix des couleurs… Et si vous sentez la moindre gêne pendant le tatouage, il doit aussi vous proposer de faire une pause, éventuellement de quelques jours. N’oubliez pas non plus de vérifier qu’il est bien titulaire d’un diplôme d’hygiène et salubrité.
Le coût
A l’hôpital, la dermopigmentation est prise en charge à 100 %. Si vous préférez éviter la case « médicale » et faire appel à une esthéticienne ou à un tatoueur, il vous faudra débourser entre 400 et 500 euros pour une aréole, et entre 600 et 800 euros pour les deux.
Emilie Groyer
Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 15, p. 126)