Moins de 5% des personnes touchées par un cancer bénéficient d’un essai clinique. La raison de ce faible chiffre est simple : il est très compliqué pour un oncologue de rechercher, et a fortiori, de trouver un essai clinique adapté à son patient. Les bases de données qui les référencent, à l’instar de Clinical Trials, sont fastidieuses à interroger. Avec la personnalisation des traitements, les critères d’inclusion et d’exclusion deviennent de plus en plus précis, ce qui oblige les médecins à renseigner de nombreux champs de recherche : type voire sous-type de cancer, stade, ligne de traitement, marqueurs génétiques… Un travail chronophage qui en décourage plus d’un. Le temps étant une denrée rare lorsque l’on est oncologue.
Un duo complémentaire
À l’heure du tout numérique, deux médecins français, Siavoshe Ayati et Jean-David Fumet, sont persuadés qu’il est possible – et nécessaire – de faire mieux. “Aujourd’hui, on peut comparer le prix des billets d’avion et passer commande via notre smartphone en moins de 5 minutes. Mais quand il s’agit de trouver un essai clinique pour un patient, on peut y passer des heures” s’hérisse le Dr Ayati.
5% des personnes touchées par un cancer bénéficient d’un essai clinique
Siavoshe Ayati et Jean-David Fumet sont amis depuis l’internat. Le premier est médecin généraliste, spécialisé en oncologie, et féru de nouvelles technologies. Le second est oncologue médical, chef de clinique assistant, et passionné par la recherche. Ils ont décidé d’unir leurs appétences et leurs compétences pour créer un outil utile aux médecins et qui bénéficiera aux patients. C’est ainsi qu’est né Oncoclic, une application qui simplifie la recherche d’essais cliniques.
Testé et approuvé par le CLCC de Dijon
Au Centre Georges François Leclerc (CGFL, Dijon) où le Dr Ayati exerce, plus de 250 essais cliniques sont actuellement en cours. Le centre de lutte contre le cancer (CLCC) dispose bien d’un annuaire interne qui les indexe, mais de l’aveu même du médecin, il est peu utilisé : “Il ne répond pas à nos besoins. Du coup, on finit souvent par appeler un spécialiste de la localisation du cancer concerné pour lui demander s’il est au courant d’un essai clinique en cours.”
Le CGFL est donc le terrain parfait pour expérimenter Oncoclic. Le duo importe les données de l’annuaire dans leur outil, les simplifie, les classe, les traduit en Français, les rend facilement interrogeables… Cette première version de l’application est laissée entre les mains des oncologues du centre en février 2021. Six mois plus tard, c’est l’heure du bilan. Et c’est un succès : “Nous avons noté que le nombre d’inclusions ont eu tendance à augmenter pendant cette phase de test” s’enthousiasme le Dr Ayati qui ne souhaite pas divulguer pour l’heure la hauteur de cette augmentation, un article scientifique devant bientôt être publié sur le sujet. “La direction du CGFL a compris que Oncoclic était un outil innovant qui améliore la prise en charge des patients. Elle a donc contractualisé notre partenariat” précise le Dr Ayati.
Une nouvelle version nationale
Le duo ne compte pas en rester là. Il planche actuellement sur une deuxième version, cette fois nationale, qui devrait voir le jour en avril. “Nous avons pour ambition de répertorier tous les essais cliniques ouverts en France” confirme le Dr Ayati. Un petit travail de fourmi puisque l’hexagone héberge plus de 1 500 essais cliniques.
Et nouveauté de cette V2 : une fois l’essai clinique ad hoc trouvé, l’oncologue sera mis automatiquement en relation avec la personne chargée de l’inclusion de son patient. “Ces informations ne sont pas toujours à jour, ou tout simplement pas renseignées, sur les bases de données actuelles. Nous sommes en train de faire un important travail de vérification pour qu’elles le soient. Cette fonctionnalité fera gagner beaucoup de temps aux oncologues” précise le Dr Ayati.
Elle constituera également un réel gain de chance pour les patients. C’est en tout cas ce qu’espère le médecin : “Les essais cliniques sont trop souvent considérés comme le traitement de la dernière chance, quand on se retrouve dans une impasse thérapeutique. Pourtant, aujourd’hui, les essais cliniques remontent les lignes de traitements et peuvent être proposés aux patients dès le début de leur prise en charge. En simplifiant leur recherche, nous espérons que davantage de patients pourront en bénéficier.”
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