Face aux cancers, osons la vie !



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"Le 5-FU est mortel pour vous" – dixit mon cancérologue.

{{ config.mag.article.published }} 27 juin 2018

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Laura* est entrée à l’hôpital en mai dernier pour soigner un cancer du canal anal. Et frôlé la mort. Ce n’est pas le cancer mais bien la chimiothérapie par 5-FU qui a failli la tuer. Et pourtant un test prédictif de toxicité à cette molécule existe.

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J’ai 47 ans. On m’a diagnostiquée un cancer du canal anal en mai dernier. Mon oncologue m’a prescrit deux cures de chimiothérapie de quatre jours. A aucun moment, il ne m’a parlé d’un test de dépistage de déficience en DPD [dihydropyrimidine déshydrogénase, NDLR]. J’aurais pu suivre une partie de mon traitement à domicile mais j’ai préféré être hospitalisée. Je trouvais ça plus rassurant. Et j’ai eu raison !

Les infirmières désemparées et aucune explication

Dès le lendemain du début de mon traitement, j’ai commencé à ressentir des fourmillements dans les mains, les jambes, les pieds. J’avais des sueurs froides, des hallucinations. J’ai eu très peur.

J’ai tout de suite alerté le personnel soignant. On m’a mise sous monitoring cardiaque. Mon rythme montrait des anomalies. Je sentais bien que les infirmières étaient désemparées et ne comprenaient pas ce qui se passait. On m’a administré un anti-histaminique mais mon état ne s’est pas amélioré. Je ne comprenais pas ce qui se passait et on ne me donnait aucune explication. Cela a duré quatre jours. A trois reprises, j’ai eu l’impression de partir. J’ai appris plus tard que j’avais fait trois pré-infarctus.

Quatre jours de souffrance  avant d’arrêter le traitement qui l’empoisonnait !

Le quatrième jour, on a décidé d’arrêter le traitement. Mon oncologue est venu me voir et m’a expliqué qu’il fallait tout stopper, que je n’aurai pas de deuxième cure. J’avais fait une réaction au 5-FU [5-fluorouracile, NDLR]. “Ce produit est mortel pour vous” m’a-t-il expliqué. Je me suis mise à rire : “Le cancer aussi est mortel ! Alors mortel pour mortel…” Je ne voulais pas qu’on arrête mon traitement, je ne voulais pas prendre le risque qu’il revienne.

Il m’a regardé très sérieusement et m’a fait comprendre que c’était absolument impossible. Aucun médecin n’accepterait de me prescrire ce traitement. Je risquais ma vie. Il m’a tout de même rassurée sur le fait que j’avais eu tout le bénéfice de la chimiothérapie que j’avais déjà reçue.

J’ai ensuite été envoyée au service de cardiologie d’un autre hôpital. Je suis restée une semaine sous observation. Heureusement, mon coeur n’avait pas été endommagé et j’ai pu rentrer chez moi. Au total, j’ai été hospitalisée dix jours de plus que ce qui était initialement prévu.

J’ai été très choquée par ce qui m’est arrivé et je suis contente d’avoir eu la présence d’esprit d’avoir demandé à être hospitalisée. Je n’ose pas imaginer ce qui se serait passé si j’étais retournée chez moi…

Propos recueillis par Emilie Groyer

* le prénom a été changé


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Emilie Groyer

Docteur en biologie, journaliste scientifique et rédactrice en chef du site web de Rose magazine

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